La vente de 50 tonnes de fruits et légumes était prévue, et les clients au rendez-vous, ce qui n'a rien d'étonnant dans un contexte où le pouvoir d'achat des classes populaires diminue et où 43 % des consommateurs disent restreindre leurs achats de fruits et légumes à cause des hausses de prix. Les tarifs dans les grandes surfaces ont augmenté cette année de 14 % pour les fruits et de 17 % pour les légumes. Ceux proposés dans ces « ventes solidaires » étaient donc nettement moins chers que les prix moyens constatés dans les grandes surfaces.

Les représentants de la grande distribution expliquent la flambée des prix par les mauvaises conditions météorologiques. Les agriculteurs du Modef, eux, dénoncent la spéculation à laquelle se livrent les grandes surfaces, les distributeurs profitant des mauvaises conditions météo pour faire encore plus de marges et pour faire de l'argent, comme le déclarait un responsable de ce syndicat. Ainsi, selon lui, le kilo de tomates est payé au producteur 80 centimes cet été, soit 10 centimes de plus que l'été dernier. Mais le prix en grande surface a augmenté, lui, de plus de 50 centimes. Lors de cette vente solidaire, les agriculteurs vendaient le kilo de tomates entre 1,50 et 1,70 euro. C'est ce qu'ils considèrent comme un « juste prix », comprenant la rémunération de l'agriculteur, le conditionnement, le transport et ce que le Modef considère comme une marge normale de distribution.

Mais pour les grands distributeurs, le juste prix, c'est celui qui leur permet d'encaisser un maximum de profits dans un minimum de temps.