États-Unis : Le couloir de la mort ne désemplit pas04/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2353.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le couloir de la mort ne désemplit pas

Hank Skinner, condamné à mort au Texas il y a dix-huit ans pour avoir assassiné sa compagne et les deux fils de celle-ci, clame depuis son innocence. Sa nouvelle compagne, une Française qui milite contre la peine de mort, vient de payer de sa poche pour faire réaliser des tests ADN que la justice américaine n'avait pas faits au moment du jugement, sûre qu'elle était de tenir le coupable...

Ayant eu affaire à la justice pour de petits délits, Skinner était le coupable idéal. La police et la justice texanes lui avaient donc mis le meurtre sur le dos, sans même avoir fait des tests ADN sur les pièces du dossier : les couteaux des meurtres, un vêtement ayant pu appartenir au meurtrier et des cheveux retrouvés dans les mains de la femme assassinée.

Un professeur de journalisme et ses étudiants, qui ont refait l'enquête, s'activent, ainsi que sa compagne, pour tenter de faire rouvrir son procès et annuler la sentence. À deux reprises, Skinner a été conduit dans le couloir de la mort, y a reçu le repas du condamné, mais au dernier moment la sentence a été suspendue. Les magistrats ont eu des doutes, et il y a de quoi. L'enseignant en journalisme estime que, dans les prisons texanes, il y a au moins une quinzaine d'innocents du fait qu'enquêtes et procédures sont souvent bâclées, voire inexistantes.

Les tests ADN semblent indiquer que trois des cheveux retrouvés dans la main de la victime appartenaient à son oncle qui, le soir du meurtre, lui avait fait des avances appuyées lors d'une fête devant des témoins, des faits négligés à l'époque par la police. Depuis, l'oncle est décédé.

Il reste à savoir si ces tests suffiront pour rouvrir le dossier. La justice, aux États-Unis comme ailleurs, n'aime pas reconnaître ses erreurs. Ceux qui soutiennent le militant Mumia Abu-Jamal, condamné il y a plus de trente ans, en savent quelque chose. Toutes les tentatives d'obtenir un nouveau jugement ont été repoussées. Malgré un soutien international important, la justice a seulement accepté de transformer la sentence de mort en prison à perpétuité, une décision elle aussi injuste, prise en 2011, contestée par ses avocats mais reconfirmée en août dernier.

C'est dire que Skinner est encore loin du but. Surtout quand on sait que le juge qui devra examiner ces nouveaux éléments de preuve sera celui-là même qui l'a condamné en 1995... Ne vous demandez plus pourquoi la statue de la liberté tourne le dos à l'Amérique !

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