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- Lutte ouvrière n°2353
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Leur société
Clermont-Ferrand : Faute de moyens financiers pour l'entraide, 360 personnes à la rue !
L'Anef (Association nationale d'entraide féminine) gère l'accueil et les hébergements d'urgence pour l'ensemble du département du Puy-de-Dôme. Elle a dû débourser 2,3 millions d'euros depuis le mois de janvier pour payer les nuits d'hôtel à des centaines de familles. Officiellement chargée du logement d'urgence dans le Puy-de-Dôme, l'Anef attendait l'aide de l'État. Mais depuis des mois, si les promesses de remboursement ont été multiples, pratiquement rien n'a été versé.
Les familles concernées sont particulièrement démunies. Il s'agit de demandeurs d'asiles ou de déboutés du droit d'asile, de mères seules avec enfants, de femmes victimes de violences et de SDF.
De plus, l'Anef craint de ne plus pouvoir assurer les salaires des 110 travailleurs de l'association. Il n'y a déjà plus d'argent pour payer les charges sociales.
Face à cette situation dramatique, l'Anef a donc décidé de ne plus payer les nuits d'hébergement en hôtel, ce qui a jeté tous ces gens à la rue, et a décidé de suspendre ses activités pendant une semaine, y compris en coupant la ligne téléphonique du 115, le numéro d'appel gratuit pour les demandes d'hébergement d'urgence. Il s'agissait pour elle de mettre les pouvoirs publics devant leur responsabilité.
Les familles mises à la rue se sont rassemblées toute la journée du lundi 2 septembre place de Jaude, suscitant la stupéfaction des passants scandalisés. Elles ont passé la nuit dans une église toute proche, sur des matelas ou sur des bancs, y compris des dizaines d'enfants devant aller à l'école le lendemain. La solidarité n'a pas tardé : spontanément des gens ont apporté des repas et des familles ont été hébergées à domicile.
La première réaction de la préfecture a été de sommer l'Anef de rétablir immédiatement la ligne du 115 - ce qu'elle a fait - tout en annonçant tout de même un déblocage immédiat de 400 000 euros, de quoi assumer l'hébergement hôtelier pour quelques semaines.
Devant les manifestations de soutien, organisées dès le lundi par différentes associations d'entraide et des militants de gauche et d'extrême gauche, une réunion d'urgence s'est tenue en préfecture avec les représentants de la mairie de Clermont-Ferrand et du conseil général. Il y a été décidé de prendre en charge uniquement l'hébergement des familles monoparentales, avec des enfants de moins de trois ans. Les associations ont immédiatement protesté, jugeant ce geste très insuffisant, puisque cela ne concerne que 19 familles.
Il faudrait en effet des moyens financiers bien plus importants, afin de construire rapidement des logements sociaux indispensables. Cela mettrait d'ailleurs fin au système aberrant, très onéreux et précaire, des nuits en hôtel.