Le ministère de la Justice dit maintenant examiner la possibilité d'inculper Zimmerman pour violation des droits civiques, en clair pour racisme, tant le procès qui vient d'avoir lieu a de quoi scandaliser.

Le 26 février 2012, Zimmerman, qui s'était érigé en vigile volontaire du quartier et faisait des rondes en voiture pour chasser les voleurs, repère un jeune Noir marchant dans la rue et il en fait immédiatement un suspect. Le jeune de 17 ans rentrait chez lui après avoir acheté des friandises et un soda, mais il avait le tort d'être noir, de porter un sweat avec une capuche. Zimmerman l'assimile immédiatement à un délinquant et prévient la police, qui lui dit de ne pas sortir de sa voiture. Mais, prétendant « qu'ils s'en sortent toujours », Zimmerman se met lui-même en chasse et sort de sa voiture avec une arme. Sous prétexte qu'il n'y a eu aucun témoin de l'altercation entre Trayvon et Zimmerman, les jurés ont accepté la version de ce dernier : il n'aurait tiré que pour se défendre. Trayvon, lui, n'était pas armé !

Dès le départ, les autorités ont accepté la version de Zimmerman, au point qu'il a fallu des protestations dans tout le pays, fustigeant l'attitude raciste des autorités, pour que la police se décide à l'arrêter... six semaines après les faits. D'ailleurs, au procès, ses avocats ont eu le culot de s'indigner qu'on ait osé traduire Zimmerman devant un tribunal.

Toute la machine judiciaire était là pour soutenir Zimmerman, alors que c'est lui qui s'était dirigé avec une arme vers un jeune désarmé ! Quant au jury, six femmes blanches, il ne comprenait aucune Noire. Le juge conseillait le jury en lui indiquant tous les motifs possibles d'acquittement.

Mais le gouverneur de Floride ose prétendre que « notre système judiciaire est indifférent à la couleur de la peau. »

Non seulement le système judiciaire est au contraire très sensible à la couleur de la peau mais toutes les institutions le sont aussi et c'est toute cette société d'exploitation et d'oppression qui secrète en permanence le racisme.

Voici ce qu'écrivaient à ce sujet les camarades du groupe trotskyste The Spark au lendemain de l'assassinat de Trayvon Martin :

« Un jeune Noir sur dix meurt avant ses 18 ans. Certains sont tués par des racistes, d'autres par des policiers et la plupart par d'autres jeunes Noirs, vivant tous dans des situations difficiles dues à la pauvreté et à des besoins essentiels non satisfaits. Il n'y a pas de travail pour eux : 70 % des jeunes Noirs sans diplôme secondaire se retrouvent au chômage ; pas d'accès à une éducation correcte, puisque le pays dépense pour les enfants noirs pauvres des grandes agglomérations moins d'un tiers de ce qu'il dépense pour les enfants blancs des quartiers riches. Il y a plus de jeunes Noirs qui se retrouvent en prison que de jeunes Noirs qui vont à la faculté : il n'y a pas de travail pour ceux qui n'ont pas fait d'études et il y a très peu d'écoles qui offrent une réelle éducation à des jeunes Noirs pauvres. La plupart des jeunes Noirs dans les grandes cités sortent de l'école en étant pratiquement illettrés : du premier au dernier jour de leur scolarité, ils sont entassés dans des classes où il est exclu que l'enseignant puisse accorder une attention particulière aux élèves. Et cela aussi est une sorte d'assassinat, de mise à mort de générations entières de jeunes filles et garçons noirs.

Il y a assez de richesses dans cette société capitaliste pour que ces privations systématiques soient surmontées en une génération et que le racisme qui se développe sur la pauvreté disparaisse. Mais cela ne sera pas accompli par un système dont le but essentiel est de continuer à amasser des richesses entre les mains d'une classe bourgeoise minoritaire tout en appauvrissant de plus en plus la population.

Ce système ne peut certainement faire justice à Trayvon Martin et à sa famille, ni mettre fin à la chasse aux jeunes Noirs. Cela ne pourra être imposé que par la population laborieuse elle-même, en particulier la population noire et les jeunes Noirs qui se reconnaissent aujourd'hui en Trayvon Martin. »

La justice vient de montrer une fois de plus qu'elle ne protège que la vie des Blancs. Les manifestants à l'extérieur du tribunal scandaient « Pas de justice ! Pas de paix ! ». C'est bien la peur que les Noirs se vengent de ces injustices et de ces humiliations qui inquiète les autorités.