Plan d'investissements : De l'argent pour les capitalistes16/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2337.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Plan d'investissements : De l'argent pour les capitalistes

François Hollande a annoncé un plan d'investissements sur dix ans. Il s'agirait, une fois de plus, de financer des filières industrielles censées représenter l'avenir, par exemple le numérique. Dans ce genre d'association, l'État apporte de l'argent public et les entreprises privées, par exemple les opérateurs de télécommunications, empochent la totalité des bénéfices. Dix milliards sont prévus dans un premier temps, financés par la vente d'actions dans des groupes où l'État est actionnaire et par l'emprunt.

Le détail de ce plan n'est pas encore fixé, et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault devrait le dévoiler dans les prochaines semaines. On sait cependant qu'il concernera, outre le numérique, ce qu'il est convenu d'appeler la transition énergétique. Il est à prévoir que des financements seront accordés aux firmes présentes dans l'énergie solaire ou l'éolien, et à celles qui ont des projets sur des véhicules moins polluants. Sont également sur la table des infrastructures de transport et un plan « grand hôpital ».

L'objectif affirmé n'est pas d'investir pour améliorer les conditions d'existence de la population, mais d'aider certains groupes capitalistes à faire bonne figure dans la concurrence internationale. Quant aux emplois que cela pourrait créer, ils n'existent que dans la bouche des ministres. Les entreprises concernées ont en effet l'habitude de réduire leurs effectifs au nom des mêmes objectifs de compétitivité qui incitent le gouvernement à les arroser d'argent public.

Dans ce domaine comme dans bien d'autres, l'accord est total entre la gauche aujourd'hui au gouvernement et ses prédécesseurs de droite. Sous Sarkozy, un « grand emprunt » avait été lancé pour distribuer 35 milliards aux entreprises. Il avait été élaboré par deux ex-Premiers ministres, un de droite et un de gauche, Alain Juppé et Michel Rocard, et tous deux s'en étaient déclarés satisfaits. Selon une étude commandée pour faire le bilan après deux ans de cet emprunt, ces milliards d'argent public seraient même devenus le premier motif d'investissement d'entreprises étrangères en France. Une partie des filières qui bénéficieront des largesses du gouvernement de gauche seront d'ailleurs les mêmes que celles déjà financées sous Sarkozy, comme le plan pour déployer le très haut débit sur l'ensemble du territoire.

Des grands travaux et des investissements de l'État seraient pourtant nécessaires, mais pas pour servir de béquille aux groupes capitalistes. Il manque des logements, des écoles, et des transports en communs corrects sont attendus par tous ceux qui s'entassent dans les métros et les trains de banlieue. Un gouvernement devrait planifier leur développement ou leur création en embauchant lui-même les travailleurs nécessaires plutôt que de s'en remettre aux trusts du secteur. Mais pour cela, encore faudrait-il que ce gouvernement ait d'autres priorités que de servir le patronat.

Partager