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- Lutte ouvrière n°2335
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Leur société
Croisade anti-Union européenne à gauche : Un rideau de fumée toxique.
Tout juste un an après l'accession de François Hollande à l'Élysée, le torchon brûle comme jamais dans les sommets du PS et au sein du gouvernement. Des ministres en place comme ceux qui postulent à le devenir se cherchent des prétextes de désaccords afin de marquer leur différence... et pour certains, que l'on qualifie abusivement de gauche, de mettre en évidence une « radicalité » qui, soulignons-le, reste purement verbale, et le restera.
Les politiciens de toute la droite se gaussent de cet étalage de linge sale en public. Mais ils offrent le même lamentable spectacle dans leurs relations internes, qui met en scène un choc des ambitions similaires, pour savoir qui, de Copé ou de Fillon, sera calife à la place du calife, ou qui pourrait se faufiler entre les deux, pour chiper le poste.
Dans cette bataille de chiffonniers au sein du PS, on retrouve, parmi les contestataires de la ligne gouvernementale, l'inévitable Arnauld Montebourg. À défaut d'affronter les patrons bien français, les Dassault, les Lagardère, les Peugeot, famille devant laquelle il s'est aplati sans pudeur, l'improductif ministre de l'Industrie prêche pour une nouvelle croisade. Il propose même, dans une de ses envolées, de « toréer » une Union européenne dominée par l'Allemagne de Merkel. Il n'est pas le seul, à gauche, à enfourcher ce cheval. On en trouve d'autres parmi les notables du PS, mais aussi parmi les dirigeants du PCF et du Parti de gauche, rassemblés sous la bannière brandie par Mélenchon. On en retrouve bien évidemment aussi à droite, pas seulement au FN, pour qui tout ce qui fleure bon le nationalisme est pain béni.
Présenter ainsi l'Allemagne comme la responsable des difficultés que subissent les classes populaires en France est une grossière diversion, à laquelle ceux qui lancent cette campagne ne croient pas eux-mêmes. Experts en démagogie, ils utilisent les préjugés. Ce faisant, ils les cautionnent. Pire, ils renforcent l'idée que ce seraient les Allemands, toutes classes confondues, y compris les travailleurs de ce pays, qui seraient des concurrents, pour ne pas dire des rivaux, voire même des adversaires. Et en contrepoint, cela conforte l'idée, plus nocive encore, que face à la concurrence étrangère les travailleurs de France devraient être solidaires de leurs patrons, c'est-à-dire de leurs exploiteurs.
Cette campagne-là, qui n'est malheureusement pas nouvelle, est un écran de fumée, mais de fumée extrêmement toxique.