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Leur société
Chômage : Arrêter l'hémorragie
Les derniers chiffres du chômage ont été publiés, pour la France puis pour l'ensemble de l'Europe. Et ils sont glaçants. Dans la zone euro, 19,2 millions de personnes sont sans emploi, 26 millions si l'on considère l'ensemble de l'Union européenne. Avec des records : 27 % de hausse du taux de chômage en un an en Grèce, 26,7 % en Espagne...
En France non plus, le tableau du chômage n'est pas réjouissant. Là aussi, un triste record a été battu : le nombre de chômeurs n'a jamais été aussi élevé depuis 1997. Plus de cinq millions sont recensés en France métropolitaine et dans les DOM, rien que dans les catégories A, B, C, qui regroupent ceux qui n'ont pas du tout d'emploi et ceux qui n'ont que quelques heures de travail par mois. Et ce chiffre ne rend compte que d'une partie de la réalité.
Cette hausse impitoyable dure depuis vingt-trois mois, près de deux ans. D'ailleurs, pour près de deux millions de travailleurs sans emploi, cela fait plus d'un an que cela dure et, pour près d'un million d'autres, plus de deux ans. Rien ne change. Les jeunes de moins de 25 ans galèrent, plus d'un demi-million n'ont pas de travail. Sur les « emplois d'avenir » promis par Hollande, 20 000 ont été contractés en un an, d'une durée de plus en plus courte, seuls 5 % étant en CDI. Quant aux emplois aidés, ils sont souvent utilisés à titre d'aubaine par les administrations, pour y remplacer des CDD. Sur les presque deux millions de 15-29 ans qui ne sont ni à l'école, ni en emploi, ni en formation, près de la moitié ont renoncé à chercher du travail : comment le pourraient-ils, quand les offres sont taries et que la vague de suppressions d'emplois continue de noyer la moindre volonté ?
Pire encore : le taux de chômage des plus de 50 ans est en hausse de 17 % sur un an.
Les patrons, petits et grands, égrènent les plans de licenciements. Mais plus destructrices encore, même si elles sont éparpillées dans le paysage du chômage, sont les fins de CDD, de contrats à durée déterminée, suivies d'un grand trou noir. Les missions d'intérim, elles aussi, ont diminué de 12,6 % en un an, dans l'industrie, le bâtiment, toutes les qualifications, de l'ouvrier au cadre, étant en recul.
« Une tendance lourde à inverser », commente le ministère du Travail en annonçant les chiffres. Certes. Mais, selon les économistes qui prétendent s'y connaître, il faudrait 1,2 point de croissance supplémentaire rien que pour stabiliser la courbe du chômage, et 1,5 point au minimum pour l'inverser. Et on en est loin, car les investissements capitalistes régressent, et on voit mal comment la consommation de la population, de plus en plus appauvrie, pourrait relancer la machine.
Pour inverser la tendance, il faut inverser les choix sociaux. Ne plus favoriser la classe capitaliste, ne plus permettre son parasitisme, mais au contraire produire pour les seuls besoins de la population. Une politique que ne mettra jamais en oeuvre ni la droite ni la gauche gouvernementale, mais que pourrait imposer toute la classe travailleuse mobilisée.