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Leur société
Budget militaire : Ces guerres qu'ils mènent
Restrictions budgétaires ou pas, l'armée y échappe. Le Livre blanc de la défense, qu'avait commandé Hollande, devait faire l'objet d'un « débat national ». Encore une promesse « pour rire », si l'on peut dire. De débat, il ne pouvait pas y en avoir, vu les enjeux pour la hiérarchie militaire et pour l'industrie d'armement. Sans surprise, le gouvernement leur ayant donné satisfaction, la plupart des galonnés respirent. Quant aux industriels de l'armement, le quotidien des milieux d'affaires Les Échos les dit « soulagés ».
« La trajectoire budgétaire arrêtée [pour 2014-2019] permet de ne supprimer aucun de la cinquantaine des grands projets d'armement », précise ce journal. Mieux, comme le budget ne diminuera pas mais que les économies se feront sur le personnel - 34 000 postes vont disparaître - les milliards ainsi récupérés iront, par un biais ou un autre, aux commandes de matériel de guerre, à son entretien, et donc aux capitalistes de l'armement.
Hollande avait annoncé le 28 mars : « Nous dépenserons [pour l'armée] en 2014 exactement le même montant qu'en 2013. Et après ce sera la même chose. » Là, il a tenu promesse. Comme quoi, même quand il nous dit qu'il n'y a pas d'argent, il sait en trouver. Alors, Hollande a les hommages qu'il mérite quand deux ex-chefs d'état-major des armées, dont l'ancien chef d'état-major privé de Chirac, y vont d'une tribune dans Le Monde pour le féliciter de « l'effort de défense qu'il vient d'annoncer pour les années à venir ».
Un effort - pour ces gens-là, cela va de soi - qui va peser sur les épaules des classes laborieuses. Car il va falloir les trouver les 179,2 milliards d'euros qu'il est prévu d'injecter dans le budget militaire en cinq ans. Ils représentent 10 % de la dette de l'État ; une dette publique que l'on nous dit abyssale et qui sert de prétexte à tous les gouvernants pour imposer une baisse continue du niveau de vie des travailleurs.
La droite ne trouve donc pas grand-chose à reprocher à Hollande, sinon de ne pas avoir vraiment choisi quels secteurs sabrer et lesquels favoriser. Du coup, Marine Le Pen monte au créneau. Elle dit qu'il faut « sanctuariser le budget de la Défense dans la Constitution [au minimum à] 2 % du PIB », de la richesse du pays. Les milliards engloutis par l'armée, et qui représentent aujourd'hui 1,5 % du PIB, et bientôt 1,76 %, cela ne lui suffit pas. Il lui faut plus de canons, c'est-à-dire moins d'écoles, moins de maternités, des taxes et des impôts qui augmentent et qui écrasent encore plus le budget des travailleurs.
C'est une évidence, l'État prépare la guerre - et la mène actuellement au Mali, en Afghanistan - cela avant tout pour défendre les intérêts du grand capital. Et ceux qui justifient les dépenses d'armement au nom de l'indépendance nationale, se font sciemment complices de cette politique guerrière et des intérêts qu'elle sert.