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- Lutte ouvrière n°2333
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Dans les entreprises
La Poste : Un PDG bien adapté à son sale boulot
La direction de La Poste a longtemps nié que ces drames puissent être liés aux conditions de travail, malgré les lettres explicites laissées par plusieurs postiers décédés. Elle a pourtant fini par s'émouvoir, ou du moins faire semblant, et une opération intitulée « grand dialogue » a été lancée en mars 2012. Cela n'a été qu'une mascarade du début à la fin, qui n'a mis un terme ni à l'aggravation des conditions de travail, ni malheureusement aux suicides. Les paroles rapportées dans le livre d'Hervé Hamon montrent clairement que le PDG ne se soucie en rien de ces morts, et méprise profondément l'ensemble des travailleurs.
Pour Jean-Paul Bailly, il y aurait parmi les postiers des gens qui ne supporteraient pas « un monde mouvant, provisoire, inachevé ». « On ne les emmerdait pas, on disait que ça faisait partie du casting, et on les laissait dans leur coin. Maintenant, par les temps qui courent, ils n'ont plus leur place dans les entreprises, même si à La Poste ils restent pour boucler leur carrière et font des déprimes à répétition. » Et d'ajouter : « Ils seraient mieux hors de l'entreprise, mais non, le modèle qu'ils conservent en tête, c'est La Poste d'avant ».
Jean-Paul Bailly ne saurait dire plus crûment que son objectif à la tête de La Poste est de jeter dehors le maximum de ces « inadaptés », quelles qu'en soient les conséquences humaines. Il se vante d'avoir fait passer en dix ans le nombre de postiers de 300 000 à 230 000. Sur le terrain, cela s'est traduit par des conditions de travail de plus en plus pénibles. Dans tous les services, les réorganisations ont succédé aux réorganisations, avec à chaque fois des emplois supprimés, des horaires modifiés au détriment du temps de repos, une charge de travail sans cesse augmentée. La pression de la hiérarchie s'est aggravée d'année en année sur ceux qui étaient un petit peu trop malades, un peu trop lents à son gré, ou simplement qui n'acceptaient pas de faire n'importe quoi. La direction de La Poste porte l'entière responsabilité des drames qui en ont résulté, mais cela n'émeut en rien le dirigeant de l'entreprise.
Ce mépris pour les travailleurs n'englobe d'ailleurs pas les seuls postiers. Evoquant son entrée à la RATP, dont il fut le PDG avant de passer à La Poste, il dit avoir commencé « à l'atelier Championnet, où 3 000 personnes abattaient le travail de 300 ». Tout un programme !
Ces propos sont révoltants, mais ne sont surprenants que par leur franchise. Ils reflètent un mépris commun à de nombreux dirigeants de grandes entreprises, grassement payés à écraser ceux dont ils ont la responsabilité.