Lundi 15 avril, les facteurs du 8e arrondissement entamaient leur troisième semaine de grève. La semaine précédente, chaque jour, ils s'étaient rendus auprès de leur direction locale ou de la direction départementale de La Poste, mais l'une comme l'autre étaient restées sourdes à leurs revendications. Cela n'était pas une surprise, alors les grévistes se sont attelés pendant toute la semaine à rendre visite aux autres facteurs de l'agglomération.

De nombreux bureaux subissent eux aussi des réorganisations qui se traduisent par de fortes dégradations des conditions de travail : des tournées plus longues, une charge à porter de plus en plus lourde, et moins de week-ends pour pouvoir souffler. Loin de s'effriter, la grève se renforce : des agents d'autres services de la poste du 8e sont entrés en grève lundi 15 avril. De même, les facteurs d'autres bureaux s'apprêtaient à les rejoindre dans la grève à partir du mardi 16 avril. C'est le cas des facteurs du 4e ainsi que de ceux du bureau de Lyon Centre, qui assurent la distribution dans les 1^er, 2^es et 5^e arrondissements.

De leur côté, les directeurs d'établissements essaient de dénigrer la grève, en imposant aux facteurs de leur centre des réunions dans lesquelles ils annoncent des pourcentages de grévistes fantaisistes. L'un d'eux a même poussé le ridicule jusqu'à prétendre que les grévistes étaient juste venus dans son centre pour soutirer de l'argent à « ses » facteurs. En réalité, bien que la direction veuille se montrer intransigeante, les directeurs locaux cachent mal leur inquiétude et essaient de minimiser la grève. Mais bien peu de travailleurs s'y laissent prendre. Au contraire, beaucoup voient d'un bon oeil ces postiers qui tiennent la dragée haute à une direction qui s'arc-boute sur des réorganisations insupportables.