En effet Colgate a supprimé 900 postes à l'échelle du monde en 2012, qui s'ajoutent à 600 déjà supprimés en 2011. Les patrons ont de plus annoncé à l'automne dernier qu'ils comptaient supprimer 6 % des effectifs restants d'ici à la fin 2016, pour économiser 300 millions d'euros de plus par an.

À l'usine de Compiègne, Colgate emploie 540 salariés en CDI et entre 50 et 70 intérimaires en permanence, depuis plus d'un an pour certains, avec bien entendu des périodes de chômage. Les salaires ne suivent pas la hausse des prix. L'an dernier, la direction avait proposé 1 % en janvier et 0,8 % en octobre, ce qui avait provoqué une grève de quinze jours. Cette année, elle a proposé encore moins. De plus, les derniers embauchés le sont à des conditions de salaire plus défavorables.

Pourtant, Colgate est une entreprise riche. Le montant des profits pour 2012 s'élève à 1,8 milliard d'euros, ce qui veut dire que chaque travailleur de Colgate a produit 4 000 euros de profit chaque mois. De ce pactole, les actionnaires ont directement touché 966 millions d'euros sous la forme de dividendes.

L'an dernier, le groupe a dépensé 1,48 milliard d'euros pour racheter ses propres actions et les détruire. Il s'agit d'un cadeau car, en retirant une certaine quantité d'actions du marché, Colgate fait mécaniquement augmenter le prix de celles qui restent dans les mains des actionnaires. Par ailleurs, dans de nombreux pays, la revente d'actions avec bénéfice est moins imposée que d'encaisser un dividende. Et comme le prix des actions Colgate a augmenté d'environ 30 % en deux ans, les spéculateurs avaient largement de quoi s'enrichir.

Le groupe a toujours versé des dividendes depuis 1895, et ils augmentent presque chaque année depuis cinquante ans. Depuis une vingtaine d'années, l'augmentation annuelle moyenne est de 11 %. Et, pour ne pas perdre le rythme, les patrons ont annoncé début mars une augmentation pour eux de 10 % pour 2013.

Le dentifrice, ça rapporte, mais pas à ceux qui le produisent.