Montebourg, ses logiciels et le patriotisme économique03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Montebourg, ses logiciels et le patriotisme économique

« L'Agence française des investissements internationaux va offrir gratuitement aux entreprises qui le souhaitent un nouveau service permettant de calculer les avantages de tous ordres à relocaliser des activités... Il y a un mouvement naissant patriotique en France, à la fois des consommateurs et des producteurs. »

Alors que les chiffres du chômage sont de plus en plus catastrophiques, qu'Hollande ne sait que demander la patience, Montebourg, son ministre du Redressement productif, vient d'annoncer dans une interview au journal Les Échos une « nouvelle » initiative, selon lui porteuse d'espoir.

L'évolution de l'emploi, les licenciements comme les embauches dépendent d'abord et avant tout du choix des actionnaires d'un nombre limité de très grandes entreprises. Selon la dernière étude de l'Insee, les 2 500 plus grandes entreprises du pays emploient directement 4,2 millions de salariés en France (et contrôlent dans le pays une multitude d'entreprises qui emploient d'autres millions de salariés). Ce sont ces mêmes 2 500 entreprises qui emploient 4,7 millions de salariés dans d'autres pays et qui y contrôlent 31 000 entreprises. Ce sont elles qui font la pluie et le beau temps dans l'économie et aussi, en passant, dans la politique.

Qui pourrait penser que ce qu'il leur manque est un logiciel gratuit pour savoir ce qui est bon pour elles, c'est-à-dire pour leurs profits ? Ouvrir, et souvent fermer une usine, jeter des milliers de salariés à la rue, en France mais aussi dans un autre pays, elles font cela tous les jours. Leur seul critère est : combien cela rapporte en dividendes ? Les licenciements sont pour elles un des principaux outils pour faire payer aux travailleurs, malgré la crise, le maintien de leurs profits. Ceux qui sont mis à la rue paient, comme ceux qui restent au travail en étant surexploités.

En réalité, la seule utilité de ce gadget, comme de toute cette propagande sur le « patriotisme économique », est de détourner l'attention des travailleurs des vrais coupables et de leur faire croire que leur sort serait lié à la réussite de leurs pires ennemis. Ces 2 500 entreprises, les plus riches du pays, ont engrangé des milliards de profits cette année encore, mais elles n'entendent ni les restituer à leurs salariés, ni même s'en servir pour investir vraiment.

Leur faire arrêter le massacre de l'emploi, les contraindre à embaucher ne dépend ni d'un logiciel ni d'un quelconque sentiment patriotique, mais de la contrainte que des milliers de travailleurs pourront exercer sur ces grands patrons. Tous les travailleurs sous la coupe de ces grands groupes, qu'ils soient en France ou dans d'autres pays, ont un intérêt vital à unir leurs forces pour imposer à leurs ennemis communs la garantie de leur avenir.

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