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- Lutte ouvrière n°2325
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PSA - Aulnay-sous-Bois : Alors que la grève continue, des conséquences dans tout le groupe
Coup de bluff de la direction
Avec cette annonce de la signature prochaine d'un accord qui faisait suite à dix réunions de simulacres de négociation, la direction tentait un coup de bluff. Elle voulait convaincre que tout était fini et mettre un coup au moral des grévistes. C'est aussi pour cela qu'elle refusait la mise en place d'un médiateur demandé par les syndicats dans la grève. Le gouvernement, malgré ses promesses d'en nommer un, ne voulait pas aller contre la volonté de PSA et il se taisait, laissant la direction affirmer qu'il n'y avait pas de médiateur et que la CGT mentait.
Finalement, jeudi 14 février, les grévistes sont allés à l'Élysée remettre les pendules à l'heure. Une délégation a été reçue et le gouvernement a bien été forcé de reconnaître qu'il s'était prononcé pour la nomination d'un médiateur. Mais le ministère du Travail a désigné le directeur départemental de Seine-Saint-Denis sans écrire une seule fois le mot médiateur !
Maintenant tout ce beau monde joue sur les mots : « Ce n'est pas un médiateur, mais un facilitateur ! », « les discussions ne porteront pas sur le fond », « c'est pour faciliter le retour au calme ». Toujours est-il que rien n'est fini. Les grévistes savent bien que ce n'est pas le médiateur qui améliorera leur sort. Seules la grève et la lutte peuvent faire reculer la direction. Mais avec cette histoire de médiateur, ils ont imposé l'idée que rien n'est réglé et qu'il faudra compter avec l'avis des travailleurs d'Aulnay.
Plus le mensonge est gros...
Pendant ce temps, PSA faisait son numéro de claquettes sur ses prétendues pertes abyssales : cinq milliards d'euros pour 2012. Mais derrière ce chiffre se cachent des mensonges plus gros les uns que les autres. 4,7 milliards sont dus à des « dépréciations d'actifs », c'est-à-dire des jeux d'écriture comptable pour affirmer que les usines valent soudain moins qu'avant. Et 500 millions sont des provisions en vue des licenciements. Ces chiffres sont des escroqueries que seule une presse complaisante peut gober. Le même jour, la famille Peugeot annonçait d'ailleurs que Varin était maintenu à la tête du groupe : une façon de reconnaître que ces pertes sont bidon. Et enfin, tout le monde se garde bien de discuter de la richesse de la famille Peugeot et des six milliards distribués aux actionnaires depuis des années.
La grève continue
Lundi 18 février la grève reprenait facilement à l'usine. Dès le matin, l'assemblée générale réunissait 250 travailleurs, grévistes et non-grévistes. L'émotion était palpable car c'était la première journée de grève sans les camarades licenciés. Ce sale coup de la direction ne fait qu'augmenter la colère et la détermination. PSA prévoit bien d'autres licenciements de la sorte pour se débarrasser de ceux qui luttent. Pour les grévistes, il n'est pas question de les abandonner !
Malgré le léger fléchissement du nombre de grévistes, la grève tient car elle s'appuie toujours sur le soutien de la majorité des travailleurs de l'usine. Les non-grévistes continuent à venir aux assemblées générales car c'est le seul endroit où ils peuvent trouver des informations réelles. De nombreuses discussions ont eu lieu sur la proposition de la direction de partir à Poissy. Elle propose des missions à Poissy, mais pas des vraies mutations. Ce serait juste des prêts d'un mois, sans prime, sans aucune garantie sur le poste là-bas... et sans garantie de retrouver son poste à Aulnay en cas de retour. Le piège est un peu gros.
La grève se poursuit, bloquant la production à Aulnay et entravant l'activité à Poissy et dans bien d'autres usines, comme à Lear, qui fabrique les sièges des C3, DS3 et 208, où une grève a démarré aussi. Des débrayages ont eu lieu dans certains secteurs à Poissy et Sevelnord contre des mutations forcées.
Bien des salariés du groupe savent que PSA envisage des attaques en rafale après la fermeture d'Aulnay et qu'il faudra bien se préparer à se défendre. Alors les travailleurs en grève à Aulnay ne baissent pas les bras et n'ont pas dit leur dernier mot.