Cour pénale internationale : Parodie de justice20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cour pénale internationale : Parodie de justice

La Cour pénale internationale a jusqu'au 28 février pour se déclarer compétente à juger Laurent Gbagbo, ex-président de la Côte d'Ivoire. Ce dernier avait refusé de se plier au résultat de l'élection de novembre 2010 qui donnait vainqueur son rival Alassane Ouattara. Il est accusé d'avoir alors provoqué massacres ethniques, assassinats et tortures pour se maintenir au pouvoir.

Le fait est que les deux prétendants ivoiriens, en cette année 2010, se sont appuyés chacun sur des hommes en armes qui se sont livrés à toutes les exactions possible, attisant les haines entre ethnies différentes, faisant régner la terreur contre leurs adversaires dans les territoires qu'ils contrôlaient. Tous les deux avaient à leur actif des années passées au pouvoir en loyaux serviteurs des intérêts de l'impérialisme en Côte d'Ivoire. Tous les deux avaient profité de ce passage pour s'enrichir. Tous les deux avaient leurs certificats de garantie auprès de la bourgeoisie française et des institutions internationales : Gbagbo les avait acquises auprès du Parti socialiste français, Ouattara auprès du FMI, deux références.

Mais il n'en fallait qu'un et, quelque part dans les hautes sphères de l'État français, Ouattara fut désigné. Pour les besoins de la cause, Gbagbo fut alors chargé de tous les péchés, puis les militaires français aidèrent Ouattara, sous prétexte de protéger les ressortissants occidentaux. Une mise en scène soigneuse permit même de faire arrêter Gbagbo par des militaires ivoiriens, les soldats français étant juste à côté, en dehors du champ des caméras.

L'ex-président est depuis en attente de jugement. Si le choix de l'État français avait été différent, Ouattara pourrait être aujourd'hui devant le tribunal, accusé des mêmes charges, sans que cela change grand-chose pour la population ivoirienne, piétinée par les hommes en armes des deux camps et toujours menacée depuis par des flambées de violence ethnique en plus de la misère quotidienne.

Avec la création de la Cour pénale internationale et des tribunaux pour la Yougoslavie ou le Rwanda, les puissances occidentales font semblant de juger dans les formes leurs hommes de main vaincus, devenus inutiles ou récalcitrants. Mais cela ne change que les apparences, car les « crimes contre l'humanité » ne sont reprochés qu'aux vaincus ou aux gêneurs. Ceux qui restent au pouvoir n'ont pas moins de sang sur les mains que ceux qui le perdent, et l'avocat de Gbagbo a beau jeu de constater que le général qui exécutait les ordres du président déchu est aujourd'hui ambassadeur du nouveau régime et que personne ne parle de le juger.

Ce serait encore trop peu dire que la Cour pénale internationale ne va juger que l'un des coupables. Car le véritable maître d'oeuvre, l'État français, et les principaux bénéficiaires, les groupes capitalistes français opérant en Côte d'Ivoire, non seulement ne sont pas au banc des accusés, mais ils se donnent le beau rôle.

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