Que le quotidien Le Monde défende l'ordre établi, le retour sur investissement, l'État, l'armée, l'Église et la sacro-sainte propriété privée, c'est une chose entendue. Mais il se targue en général de le faire avec toute la componction et la supériorité distante de ceux qui laissent au vulgaire le soin de se salir les mains. Mais voilà que maintenant le vénérable quotidien adopte un ton de patron exaspéré.

Ainsi les instituteurs qui défendent leurs conditions de travail font preuve, d'après l'éditorial du Monde daté du 22 janvier, d'un « corporatisme étriqué lamentable ». Les travailleurs de PSA Aulnay qui se battent contre la menace du chômage et la violence de la fermeture de leur usine sont accusés par le même journal de « violences et menaces » à l'encontre des ouvriers non-grévistes. À croire que la famille Peugeot a dicté l'article.

Visiblement, de porte-parole officieux des bourgeois cultivés et comme il faut, Le Monde s'est transformé maintenant en porte-parole du gouvernement Hollande. Haineux à l'égard des travailleurs qui se défendent, ce Monde-là y ajoute désormais son admiration à l'égard du « chef de guerre » Hollande et des faits d'armes de l'armée française au Mali. En bon petit soldat toujours prêt par ailleurs à administrer à qui veut bien des leçons d'objectivité