Procès de l'amiante : Nouvelles manoeuvres pour enterrer l'affaire30/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2322.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de l'amiante : Nouvelles manoeuvres pour enterrer l'affaire

Le 16 janvier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a suspendu la procédure menée par la juge Marie-Odile Bertella-Geoffroy dans le dossier de l'usine Ferodo Valeo de Condé-sur-Noireau où, en trente ans, plus de 1 130 salariés sont décédés victimes de l'amiante.

Il se trouve que c'est dans le cadre de cette procédure que la magistrate, qui enquête notamment sur les responsabilités de l'État dans le caractère tardif de l'interdiction de l'amiante en France, avait mis en examen en novembre dernier, pour homicides et blessures involontaires, des industriels et d'anciens fonctionnaires du ministère du Travail, dont Martine Aubry, au titre de ses fonctions de directrice des relations du travail de 1984 à 1987.

Curieux hasard sans doute, dans le même temps on apprenait que la juge Bertella-Geoffroy allait être mutée prochainement à un autre poste, en vertu d'une loi limitant à dix ans la durée d'exercice d'un juge d'instruction dans le même poste. Cette mutation est contestée par l'intéressée, qui explique que cette loi ne peut pas s'appliquer dans son cas, et par les victimes de l'amiante qui se battent depuis seize ans pour l'ouverture d'un procès pénal.

Pour l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva), en effet cette mutation « signifierait à coup sûr l'enterrement de l'instruction. Et pour longtemps. Sur un dossier aussi complexe, dont l'instruction dure depuis seize ans... où les volumes du dossier se comptent en dizaines de mètres cubes, il est facile d'imaginer le temps que mettrait un nouveau magistrat pour s'approprier les éléments de cette affaire ».

Ces manoeuvres pour empêcher que les criminels responsables de cette catastrophe et leurs complices aux plus hauts niveaux de l'État rendent des comptes sont d'autant plus choquantes que, comme le rappelle l'Andeva, l'amiante continue à tuer plus de 3 000 personnes par an. Et comment ne pas y voir un aveu de culpabilité pour les uns et de complicité pour les autres ?

Partager