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- Lutte ouvrière n°2322
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Editorial
Nous sommes tous attaqués, organisons ensemble la riposte
Grève reconductible à l'usine PSA d'Aulnay-sous-bois contre la fermeture programmée du site ; débrayages répétés et de plus en plus importants dans toutes les usines Renault contre le chantage de la direction qui ne laisse aux travailleurs que le choix entre « travailler plus pour gagner moins » ou être licencié ; manifestation des salariés de Virgin, de Sanofi, d'Arcelor ; action des travailleurs de Goodyear, dont la direction va annoncer qu'elle ferme l'usine d'Amiens avec 1 200 licenciements ; grève jeudi prochain dans la Fonction publique contre les suppressions d'emplois et la baisse du pouvoir d'achat : bien des travailleurs s'organisent pour se défendre. Ils ont mille fois raison. Leurs combats doivent devenir la lutte de tous.
Le patronat a pris l'offensive. Avec les « accords compétitivité », il attaque tous azimuts. La direction de Peugeot a commencé son attaque avec un plan de suppressions d'emplois sans précédent incluant la fermeture de l'usine d'Aulnay. Mais les hostilités ne s'arrêteront pas là, elle a déjà annoncé qu'elle veut imposer des accords de compétitivité, rebaptisés « accords de performance ».
La direction de Renault a fait l'inverse : elle a d'abord voulu imposer la mobilité intersites, allonger le temps de travail et bloquer les salaires, et c'est après cela qu'elle a annoncé 8 200 suppressions d'emplois, avec la menace de rayer de la carte deux de ses usines si les syndicats ne signent pas ces accords.
Les licenciements et les accords de compétitivité sont les deux bouts d'un même bâton. Aucun travailleur ne sera épargné, pas même ceux à qui l'on garantit de conserver leur emploi.
Conserver son emploi ne veut même plus dire conserver son salaire. Les accords de flexibilité qui ont été signés entre le patronat et la CFDT, la CGC et la CFTC, et que le gouvernement soi-disant « socialiste » veut transposer dans la loi, autorisent la baisse des salaires au gré des fluctuations du marché. Il suffira qu'une entreprise prétexte des difficultés pour qu'elle impose une baisse du temps de travail et une baisse du salaire.
Et les patrons ne s'en priveront pas, parce qu'avec la crise les affaires ralentissent. Ou les travailleurs forceront le grand patronat à revoir ses profits à la baisse, ou ce sont les salaires qui baisseront. Si les travailleurs ne se font pas respecter, le patronat les fera reculer.
Il n'y a aucune raison pour que les travailleurs acceptent de se sacrifier. Chez Peugeot, qui, des actionnaires ou des travailleurs, doit faire des sacrifices ? La famille Peugeot et les actionnaires ont encaissé 6 milliards de bénéfices ces dernières années. Ils ont de quoi voir venir ; pas les travailleurs, qui ont toujours été payés au plus bas !
Qui a réalisé 786 millions de bénéfices net pour les six premiers mois de 2012, plus de 2 milliards en 2011 et 3,4 milliards en 2010 ? Le groupe Renault, dont le PDG, Carlos Ghosn, se verse une rémunération de 13 millions par an et explique que, si les travailleurs n'acceptent pas de se sacrifier, leur usine risque la faillite !
Le patronat et le gouvernement alignent les chiffres d'affaires catastrophiques pour faire pleurer dans les chaumières sur les difficultés patronales. Mais quand les affaires tournaient à plein, c'est ce grand patronat qui s'est enrichi. Et aujourd'hui encore, pour maintenir ses profits, il est prêt à priver du nécessaire des millions de travailleurs.
Le chômage est un drame pour ceux qui sont privés de salaire, mais aussi pour les autres travailleurs, qui vivent avec cette épée de Damoclès sur leur tête.
Plus largement, le chômage est un fléau pour toute la société. Quel peut être l'avenir d'une société qui condamne 25 % de sa jeunesse à l'inactivité ou aux petits boulots, pendant qu'une infime minorité nage dans les millions ? Le chômage, les inégalités, l'exploitation forment le terreau de l'individualisme, de la délinquance, de l'insécurité, du racisme.
Les conséquences du chômage ne sont pas qu'économiques, chacun les subit à tout moment dans sa vie. Personne parmi les classes populaires ne peut y échapper, pas même ceux qui ont encore un bon emploi et un bon salaire.
Alors, les travailleurs de Peugeot, de Renault, de Goodyear, tous ceux qui se battent pour ne pas être condamnés au chômage comme ceux qui se battent pour leur salaire ou pour refuser la dégradation des conditions de travail, mènent un combat légitime. Un combat qui n'a rien d'un combat solitaire ou corporatiste. C'est un combat pour tous.
En refusant le diktat patronal et gouvernemental, les travailleurs qui se battent aujourd'hui montrent la voie pour une riposte d'ensemble.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 janvier