La Redoute Martinoire -- Wattrelos (Nord) : La direction veut supprimer les derniers bus des mines30/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2322.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute Martinoire -- Wattrelos (Nord) : La direction veut supprimer les derniers bus des mines

La direction de La Redoute a décidé de supprimer, fin juin 2013, les deux derniers bus qui transportent depuis les années soixante des travailleuses du bassin minier de la région de Douai-Lens vers la région lilloise, à une quarantaine de kilomètres. Ces bus de ramassage les prennent à des arrêts près de chez elles, mais le prétexte avancé est de faire l'économie des 260 000 euros qu'ils coûteraient dans ses frais généraux.

Alors qu'elles étaient plusieurs centaines en 1960, 29 salariées restent concernées par cette mesure, toutes des anciennes ayant entre 48 et 59 ans.

Les solutions que propose la direction sont bidon : elle propose une aide pour passer le permis. À plus de 50 ans et en six mois ? Ou bien un prêt (remboursable) à taux réduit pour acheter une voiture. Mais avec quel argent, vu le montant des salaires ?

Le covoiturage exigerait d'avoir des collègues habitant dans le même secteur. Quant aux transports en commun, il faudrait pouvoir arriver jusqu'à la gare, si tôt le matin.

Les « filles des mines », comme on les appelle, ont compris tout de suite que La Redoute voulait profiter du fait qu'elles sont maintenant peu nombreuses pour les pousser à la démission, parce qu'elles ont de l'ancienneté et qu'elles lui coûtent plus cher. La direction a en effet une obsession unique : faire baisser les effectifs. La Redoute comptait il y a douze ans 6 300 personnes, qui maintenant ne sont plus que 2 660. Comme si ces travailleuses pouvaient se passer de leur salaire, même s'il est bas, avec 1 200 euros toutes primes comprises.

Elles ont donc décidé de ne pas se laisser faire, malgré les pressions et les intimidations. Bloquant symboliquement les portes lundi 28 janvier devant la presse, les travailleuses arboraient des panneaux : « Plus de bus, plus de boulot ». Et mardi 29 janvier elles ont débrayé, entraînant une centaine de collègues, circulé dans les ramassages (prélèvement d'articles), et en assemblée générale chacun disait qu'il ne fallait pas laisser La Redoute faire son sale coup.

Bien sûr que La Redoute peut payer les bus : elle fait partie du groupe PPR qui appartient aux Pinault père et fils, 59e fortune mondiale, 8,3 milliards d'euros déclarés. François Pinault vient de s'acheter une villa de 12,5 millions d'euros à Los Angeles, ce qui représente le salaire de presque 700 smicards pendant un an.

Les travailleuses concernées, grâce à la solidarité qui s'est exprimée, ont repris le moral et ont décidé de continuer à se mobiliser !

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