ArcelorMittal -- Belgique : Des profits, des subventions, très peu d'impôt, ça ne leur suffit pas !30/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2322.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

ArcelorMittal -- Belgique : Des profits, des subventions, très peu d'impôt, ça ne leur suffit pas !

Après une manifestation à Bruxelles vendredi 25 janvier, 3 000 travailleurs d'ArcelorMittal se sont retrouvés à Namur mardi 29, au siège du gouvernement wallon, pour protester contre la fermeture par Mittal de sept des douze lignes de production dans les laminoirs à froid de Liège et la suppression de 1 300 emplois directs, sans compter ceux de la sous-traitance.

Les manifestants se sont heurtés à la police qui protégeait l'« Élysette », le bâtiment du gouvernement wallon. Les travailleurs expriment colère et méfiance envers les hommes politiques qu'ils accusent de passivité devant les décisions de la multinationale.

Le chantage de Mittal

L'annonce de la fermeture d'une partie de la production dans les laminoirs est d'autant plus choquante qu'en septembre 2012 ArcelorMittal n'avait pas hésité à recourir au chantage, faisant dépendre le maintien de la phase à froid de l'acceptation par les organisations syndicales de la fermeture du haut-fourneau de Liège et de la suppression de 768 emplois directs.

Comme à Florange et ailleurs, ArcelorMittal use avec cynisme du chantage et de promesses, mais n'est lié par rien d'autre que sa volonté de sauvegarder ses profits... comme tous les capitalistes.

Une vérité que les organisations syndicales comme les politiciens belges s'emploient à dissimuler en dénonçant, non pas la logique de l'enrichissement capitaliste, mais l'individu Lakshmi Mittal : « crapule », « menteur », « cow-boy », « margoulin »... À chacun, responsable politique ou syndical, de prendre la pose et de trouver une expression originale.

« Hypocrites » est sans aucun doute la caractéristique qui leur convient le mieux. En 2006, les mêmes présentaient Mittal comme le sauveur de la sidérurgie wallonne ! Le ministre wallon de l'économie, le socialiste Jean-Claude Marcourt, chantait ses louanges dans un show à grand spectacle lors du redémarrage d'un des hauts-fourneaux de Seraing (Liège). Mais les actionnaires d'ArcelorMittal ont eu droit à bien plus que des feux d'artifices.

Pour la seule année 2012, des quotas de CO2 pour 10,5 millions de tonnes (à six euros la tonne) ont été attribués gratuitement à la multinationale par le gouvernent wallon. Un quota de 3,5 millions de tonnes a été en particulier attribué aux deux haut-fourneaux de Seraing... fermés définitivement. Des quotas qu'elle peut revendre si elle ne les utilise pas.

Paradis fiscal pour capitalistes

ArcelorMittal a également profité au maximum des possibilités du paradis fiscal belge pour les capitalistes. ArcelorMittal Finance Belgium rapatriait en toute légalité les bénéfices des entreprises européennes, bénéfices qui n'ont été taxés qu'à 1,4 % grâce à diverses astuces du régime fiscal belge, comme les fameux intérêts notionnels. Selon cette règle, les sociétés peuvent déduire de leurs bénéfices les intérêts de leurs emprunts. Celles qui se financent en interne peuvent déduire de leurs impôts jusqu'à 3 % de leur capital, soi-disant pour rétablir l'égalité fiscale.

Ces avantages fiscaux, dont bénéficient ArcelorMittal et de nombreuses multinationales, ainsi que de multiples aides publiques, ont été défendus par les ministres et députés, y compris socialistes, au nom du maintien de l'emploi !

Aujourd'hui, le ministre Marcourt fait mine de découvrir que : « cela fait des années que Mittal n'a pas investi dans l'outil ». En réalité, c'est en connaissance de cause que le gouvernement comme les responsables syndicaux ont laissé l'argent public filer directement dans la poche des actionnaires, croyant ainsi amadouer les capitalistes.

Aujourd'hui, ces dirigeants syndicaux revendiquent la nationalisation d'ArcelorMittal, les politiciens eux-mêmes l'évoquent sous des formules techniques, telle que « portage public ». Et le gouvernement wallon, qui doit montrer qu'il fait quelque chose, va mettre un million d'euros pour mandater une banque d'affaires dans la recherche d'un repreneur, et pour de nouvelles études sur la sidérurgie... qui vont s'ajouter à toutes celles déjà réalisées. Dans le même temps le gouvernement impose de dures mesures d'austérité à la population...

Mais même s'il se trouvait d'autres capitalistes pour prendre la place d'ArcelorMittal, qu'est-ce qui les empêcherait eux aussi d'empocher les cadeaux avant de partir, s'ils n'y trouvent plus assez de profit. La servilité du gouvernement et des organisations syndicales ne peut que les y inciter.

Par contre, les travailleurs des sites européens menacés par les décisions de la multinationale auraient la force de défendre leurs emplois et leurs salaires s'ils s'unissaient, s'il le faut en expropriant les entreprises que Mittal veut fermer, car il y a des besoins en acier.

Mais il est clair que les travailleurs ne peuvent attendre aucune aide des gouvernements et guère plus des directions syndicales.

Partager