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Leur société
Patrons-syndicats : Rien à attendre des négociations
Après une interruption voulue par les organisations patronales, les négociations sur l'emploi entre celles-ci et les syndicats devaient reprendre les 10 et 11 janvier. Laurence Parisot, la présidente du Medef, se dit maintenant « pessimiste » sur la conclusion d'un accord. « En l'état actuel des choses le Medef ne signera pas, a-t-elle déclaré, stigmatisant l'ingérence du gouvernement » et les syndicats trop rétifs, selon elle, à céder aux exigences du patronat.
Il faut dire que ce plan dit de « sécurisation de l'emploi » est une véritable déclaration de guerre aux travailleurs pour instaurer la « sécurisation » des profits. Dès le début des négociations, le but du patronat était clair : obtenir, au nom du « maintien de l'emploi », la plus grande flexibilité pour baisser les salaires ou augmenter les horaires ainsi que la déréglementation totale des contrats d'embauche. S'y ajoutait une revendication de « sécurisation juridique » des plans sociaux et des licenciements individuels, autrement dit la suppression de tous les garde-fous qui permettent aux travailleurs d'obtenir de meilleures compensations financières, à défaut de conserver leurs emplois.
Pour ce qui est des contreparties, les patrons avaient envisagé pour les travailleurs en contrat précaire des facilités d'accès à la formation et au logement, ou des aides aux prêts bancaires, d'une façon tellement vague qu'eux-mêmes n'avaient pas l'air d'y croire. Mais pas question pour eux d'accepter la taxation des contrats courts c'est-à-dire la modulation, à la hausse ou à la baisse, des cotisations sociales patronales, en fonction du pourcentage d'emplois en CDD.
Parisot a minimisé le problème en indiquant que, dans le privé, les contrats à durée indéterminée représenteraient 87 % des emplois. Peut-être, mais ce n'est pas le cas des embauches, qui se font à 81 % en CDD, sans parler des contrats d'intérim. Les jeunes sont les premiers concernés, puisque la moitié des travailleurs en CDD ont moins de 30 ans.
Les dirigeants syndicaux savaient très bien d'avance de quoi il retournait. Mais, pendant des mois, au lieu de dénoncer les projets patronaux, ils se sont prêtés au jeu de la négociation comme s'il pouvait en sortir quelque chose. Aujourd'hui, Bernard Thibault a dit que la CGT ne signerait pas et Jean-Claude Mailly, de FO, qu'il ne s'en ressent pas.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, interrogé sur France inter, envisageait encore la possibilité de signer si les patrons finissaient par céder, par exemple sur l'instauration d'une complémentaire santé pour tous les travailleurs ou sur cette fameuse taxation des contrats courts. Accepter le diktat du patronat, soit, mais de façon « encadrée » !
Les uns et les autres seront peut-être finalement d'accord pour ne pas signer. Le gouvernement n'aura plus qu'à légiférer, comme il en menace les partenaires sociaux. Mais vu qu'il laisse les mains libres au patronat pour licencier, sa loi, si loi il y a, ne risque pas de lui faire beaucoup de mal.
Les travailleurs, en revanche, risquent de payer cher cette course à la compétitivité, synonyme pour eux de précarité et d'appauvrissement. Quant aux dirigeants syndicaux, même s'ils évitent de se déconsidérer totalement. Leur rôle serait de préparer et d'organiser les mobilisations indispensables des travailleurs en vue de mettre en échec les plans patronaux. Mais visiblement, ce n'est pas d'eux qu'on peut l'attendre.