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- Lutte ouvrière n°2319
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Leur société
Jacques Tardi refuse le ruban : L'honneur de ne pas être de la légion
L'auteur de bandes dessinées Jacques Tardi a refusé la Légion d'honneur qui lui avait été attribuée le 1er janvier, sans même qu'on l'en ait averti. Dans un communiqué, il a déclaré qu'étant « farouchement attaché à [sa] liberté de pensée et de création, [il] ne veut rien recevoir, ni du pouvoir actuel ni d'aucun autre pouvoir politique, quel qu'il soit », ajoutant que « le jour où l'on reconnaîtra les prisonniers de guerre, les fusillés pour l'exemple, ce sera peut-être autre chose ».
Tardi a plus d'une fois dénoncé dans ses albums les guerres, que ce soit la Première Guerre mondiale dans, entre autres, Putain de guerre ou C'était la guerre des tranchées, ou la Seconde : son dernier album, Moi René Tardi, prisonnier de guerre, Stalag II B, est basé sur les témoignages de son père lorsqu'il était prisonnier.
Tardi n'est pas le premier à avoir refusé cette décoration dite suprême, créée par Napoléon 1er, que les gouvernants utilisent souvent pour récompenser des bons services ou tenter de s'attacher des personnalités. Avant lui, parmi les écrivains et les artistes, il y eut entre autres Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, Georges Brassens et Léo Ferré qui dénonça « ce ruban malheureux et rouge comme la honte ». Dernièrement, Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels, l'a aussi refusée pour dénoncer « l'indifférence qui touche la santé au travail » et « l'impunité des crimes industriels ». Jacques Tardi est donc là en bien meilleure compagnie qu'il ne le serait avec des décorés.