Italie : La fin du gouvernement Monti09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : La fin du gouvernement Monti

Après l'austérité, l'austérité

Comme prévu, le Premier ministre italien Mario Monti a remis la démission de son gouvernement le 21 décembre, après que la loi de Finances de 2013 a été adoptée, tandis que le président de la République, Napolitano, annonçait que les élections législatives seraient anticipées au 24 février prochain. Après un an de gouvernement dit « technique » dirigé par Monti, il s'agit pour les dirigeants italiens de réduire au minimum le délai pour la tenue de nouvelles élections, de peur que leur approche n'encourage la spéculation sur la dette.

Curieuse campagne électorale que celle qui s'annonce, dans laquelle on devrait voir la droite berlusconienne alliée à la Ligue du Nord n'hésiter devant aucune démagogie et faire semblant de s'opposer à la politique d'austérité que le pays subit depuis un an... et qu'il subissait en fait déjà sous Berlusconi lui-même. En revanche, du côté de la coalition de centre gauche, menée par le Parti Démocrate et son leader Bersani, favorite des sondages, il n'y aura aucune critique de ce genre. Bersani s'affirme candidat à gouverner l'Italie demain dans la droite ligne de la politique menée depuis un an par Monti, auquel il a d'ailleurs apporté son soutien.

Quant à Monti, sortant de son rôle de Premier ministre « technique », il se porte maintenant candidat dans ces élections au nom d'un regroupement du centre tentant de ravir des voix d'électeurs à droite, parmi les partisans de Berlusconi, et à gauche, parmi ceux de Bersani. Juste retour des choses, dira-t-on, puisque durant un an les uns et les autres ont soutenu sa politique, de l'augmentation de l'âge de la retraite à la réforme du marché du travail libéralisant les licenciements, et aux mesures fiscales frappant les plus pauvres.

Quant à ce que propose Monti, c'est tout simplement de continuer sur sa lancée. Bien symboliquement, sa dernière apparition publique en tant que Premier ministre s'est déroulée à l'usine Fiat de Melfi, dans le Sud où, devant un public composé en premier lieu de la hiérarchie de l'entreprise il a apporté son appui à la politique menée par le PDG de Fiat, Sergio Marchionne.

Mise au chômage d'une grande partie des travailleurs de Fiat, réembauche d'une partie d'entre eux dans une « nouvelle compagnie » créée spécialement à cet effet, équipes et horaires de travail modifiés en dérogation des conventions collectives, grève des heures supplémentaires interdites, exclusion de l'entreprise des syndicats non signataires de l'accord-maison... pour Marchionne, le profit est roi, les travailleurs doivent se soumettre sans conditions à ses impératifs et si les lois y mettent quelque entrave il n'y a qu'à déroger à la loi. La complicité des gouvernements n'est-elle pas de toute façon assurée ?

Monti de son côté a affirmé que les sacrifices ne sont pas finis, qu'il est inutile « de s'accrocher à un passé qui ne reviendra plus » et que de cette usine Fiat de Melfi part « une opération qui n'est certes pas pour des faibles du coeur ». Pour annoncer cela devant des ouvriers soumis aux diktats du patron, à des cadences et des horaires harassants, souffrant souvent des divers troubles musculo-squelettiques engendrés par le travail à la chaîne, il faut avoir sinon du coeur, du moins de l'estomac ! Marchionne à son tour a félicité Monti pour son oeuvre et déclaré que son propre plan pour les usines Fiat était un plan ambitieux, mais pas destiné non plus « à des faibles du coeur ». Apparemment, Marchionne et Monti sont d'accord pour parler ainsi de ceux qu'ils laissent sur le pavé.

Austérité au profit des banques d'une part, esclavage industriel à la Marchionne au profit des grands capitalistes d'autre part, le programme autour duquel se présente Monti est ainsi tracé, et il compte bien qu'il serve de référence aux autres candidats et au prochain gouvernement italien.

Pendant que Monti parlait ainsi dans l'usine Fiat de Melfi, de nombreux travailleurs étaient retenus à la porte autour des dirigeants du syndicat Fiom-Cgil, non admis dans l'entreprise car non signataires des accords maison. Il serait temps que la force que représentent les travailleurs se rappelle à tous les Monti et les Marchionne et mette en échec leurs projets d'exploiteurs.

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