Si les feux de l'actualité ont été braqués sur les tribulations fiscales de Depardieu, les très grosses entreprises n'ont pas besoin de s'exiler pour payer moins d'impôts.

Ainsi Le Canard Enchaîné nous apprend que, par un montage de filiales situées au Luxembourg, ArcelorMittal fait disparaître aux yeux du fisc les bénéfices produits par les usines Atlantique-Lorraine du groupe (dont Florange et Dunkerque sont les plus connues).

Ces bénéfices avaient grimpé jusqu'à atteindre 17,1 % des résultats bruts en 2007 et s'étaient effondrés à 6,5 % l'année suivante, malgré une production encore en hausse. Ce n'est pas vraiment de la magie, mais tout simplement, en 2008, selon Le Canard Enchaîné, la facturation a été centralisée au sein de la direction européenne du groupe installée au paradis fiscal du Luxembourg -- siège mondial d'ArcelorMittal.

Le siège fait payer au prix fort les matières premières (minerai de fer et charbon) qu'il fournit aux usines françaises. Mieux : l'acier fabriqué est commercialisé par une filiale luxembourgeoise. Les bénéfices ne ressortent plus au niveau des usines de production mais au Luxembourg... où ils sont bien moins taxés.

Tout cela est parfaitement légal et de très nombreuses entreprises font de même : elles appellent cela l'« optimisation fiscale ». Ce n'est pas forcément du goût du ministère du Budget, qui réclamerait depuis un an un milliard au groupe ArcelorMittal. Une ardoise qui, selon Le Canard Enchaîné, aurait été réduite de moitié depuis. Pour ne pas mettre dans la gêne la famille Mittal, la 21e fortune la plus riche de la planète ?