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- Lutte ouvrière n°2318
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Dans les entreprises
Système U -- Trélazé : Une prime de rendement scandaleuse
La prime de rendement existe depuis longtemps à Système U ouest, qui regroupe cinq dépôts dans le Grand Ouest, dépôts qui approvisionnent tous les magasins U, super ou hypermarchés.
Mais, depuis 2004, la direction a complètement chamboulé le fonctionnement dans les dépôts et, par voie de conséquence, le mode de calcul de la prime, rebaptisée sous le nom ronflant de rémunération complémentaire variable (RCV).
Tous les travailleurs chargés de préparer les commandes des magasins sont maintenant équipés d'un casque audio, relié à un serveur informatique, qui leur indique en temps réel les colis à charger sur les palettes. Il n'est pas possible à un préparateur de connaître à l'avance le contenu de sa palette. Il doit suivre les instructions données par une voix synthétique.
Or, il s'avère qu'en fonction du type de produit, les temps requis pour le calcul de la RCV ne sont pas les mêmes. Il est donc quasi impossible à un préparateur de savoir où il en est. En effet, pour la même commande, il peut passer des liquides aux produits d'entretien, puis aux gâteaux... Et suivant le mode d'emballage du produit ou son poids, les temps peuvent varier.
À la fin du poste, le préparateur ne sait pas s'il a réalisé son objectif. Il lui faut attendre le lendemain pour le savoir. Cet objectif est d'ailleurs présenté en pourcentage et non en nombre de colis, en volume ou en poids, ce pourcentage étant établi par rapport à une base fixée produit par produit. Celui qui, par le plus grand des hasards, aurait réussi à préparer ses commandes en fonction de cette base théorique, se verrait attribuer un taux de réalisation de 100 %.
Ce système est tout bénéfice pour la direction. Chaque travailleur, ne pouvant savoir où il en est rendu, est obligé de maintenir une cadence maximum s'il veut pouvoir toucher sa prime à la fin du mois.
Cette RCV peut varier, allant d'environ 60 euros à plus du double. Pour réaliser de tels pourcentage, il faut littéralement s'esquinter au travail, d'où la forte augmentation des troubles musculo-squelettiques depuis la mise en place de cette RCV.
Mais, cerise sur le gâteau, la direction ne voulant pas pénaliser les cadres et la maîtrise, elle leur attribue chaque mois une RCV calculée sur... la moyenne de l'entrepôt. Non seulement les travailleurs sont contraints de travailler au maximum pour espérer avoir leur prime, mais en plus, ils travaillent aussi pour la prime de leur chef.
Depuis le début, nombreux sont les travailleurs qui résistent, préférant se passer de prime plutôt que de s'esquinter la santé. Mais, évidemment, la direction ne l'entend pas de cette oreille et n'hésite pas à sanctionner les plus récalcitrants par des mises à pied.
C'est pourquoi la revendication défendue par les travailleurs les plus conscients est l'intégration de la RCV au salaire.