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- Lutte ouvrière n°2318
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Editorial
2013 sera ce que nous en ferons
Il restait un symbole qui pouvait donner au gouvernement Hollande-Ayrault une coloration un peu de gauche : la taxation à 75 % des revenus dépassant le million d'euros. Après les capitulations du gouvernement face aux « pigeons » et à Mittal, après avoir accédé aux désirs patronaux les plus chers en accordant un cadeau de 20 milliards, le gouvernement en avait bien besoin.
Cette taxation n'avait rien de bien méchant pour les plus riches. Elle devait concerner tout au plus 2 000 personnes et elle était exceptionnelle. Mais cette taxe qui ne devait rapporter que 0,28 % des recettes de l'État avait une valeur politique pour Hollande : elle devait être la preuve qu'il était capable de tenir bon face aux criailleries de la droite et aux caprices des plus riches.
Eh bien voilà que cette preuve est repoussée aux calendes grecques puisque le Conseil constitutionnel l'a censurée. Le gouvernement se savait attendu au tournant par ce Conseil dominé par la droite : il s'est laissé prendre. En huit mois de pouvoir il n'aura donc pas fait passer une seule mesure qui puisse avoir la couleur d'une mesure de gauche.
Le 31 décembre Hollande n'a pas été avare de bons voeux et s'est dit « confiant ». Mais comment les travailleurs de Peugeot-Citroën, de Petroplus, de SFR, de Candia, d'Electrolux confrontés aux fermetures d'usines peuvent-ils être confiants dans l'avenir ? Comment les centaines de milliers de travailleurs dont l'emploi et le salaire sont menacés peuvent-ils être optimistes ? Parmi les cinq millions de chômeurs toutes catégories confondues recensées officiellement, combien ne savent plus comment payer leurs factures ? Combien doivent choisir entre se chauffer et correctement manger ?
Les travailleurs et les chômeurs n'ont pas besoin de bonnes paroles mais de mesures efficaces pour combattre le chômage et les bas salaires. Mais alors que des dizaines de grandes entreprises s'apprêtent à licencier en 2013, Hollande ne fera rien pour les en empêcher. Sa « bataille de l'emploi » consiste, comme tous les gouvernements qui se sont succédé, à faire cadeau sur cadeau au grand patronat et à croiser les doigts pour qu'il veuille bien embaucher.
Alors que le gouvernement prétend mettre en oeuvre la « justice sociale », il refuse d'augmenter le smic tout en laissant filer les prix de l'électricité et des transports. Alors qu'il y aurait 2,5 millions de locaux vides et trois millions de mal-logés, le gouvernement n'a pas encore procédé à la moindre réquisition. Il en parle, en parle mais ne fait qu'en parler.
Alors que Hollande s'est fait élire en désignant « la finance » comme ennemi, la Bourse clôture l'année avec 15 % d'augmentation en 2012 !
Hollande a remplacé Sarkozy, mais il mène la même politique et les travailleurs n'ont rien à en attendre si ce n'est des coups. Il y a les attaques déjà décidées : l'augmentation de la TVA pour 2014 et le plan d'austérité programmant 60 milliards de coupes dans les budgets publics sur cinq ans. Mais il y a aussi celles que le gouvernement et le patronat préparent dans les coulisses, toujours et encore au nom de la compétitivité et qui consisteront à imposer aux travailleurs de travailler plus, avec plus de précarité et de flexibilité.
Après huit mois de gouvernement à majorité PS, les travailleurs savent désormais à quoi s'en tenir. Le gouvernement est aux petits soins pour les capitalistes. Non seulement il ne protégera pas les travailleurs de l'exploitation et de la rapacité du grand capital mais il justifiera les coups patronaux !
Alors faisons de l'année 2013 l'année du renouveau des luttes pour qu'enfin le rapport de forces s'inverse en faveur du monde du travail, pour qu'enfin on impose aux capitalistes les mesures d'urgence pour enrayer le chômage et la baisse du pouvoir d'achat : l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous avec un salaire plein et entier, et l'augmentation générale des salaires et des pensions prise sur les profits des gros actionnaires.
Faisons en sorte qu'en 2013 les travailleurs retrouvent confiance dans leur force collective pour contester au grand capital le pouvoir qu'il exerce sur l'économie. Il ne s'agit pas là d'un vœu pieux car les travailleurs ont été capables de le faire bien des fois dans l'histoire.
Oui, il faut renouer avec les meilleures traditions du mouvement ouvrier, celles des grèves générales de juin 1936 ou de mai 1968. La lutte des exploités n'a jamais été facile mais c'est d'elle que toutes les avancées pour les travailleurs sont venues, alors oui, il faut renouer avec les luttes collectives, amples et massives. Le plus tôt sera le mieux !
Éditorial des bulletins d'entreprises du 3 janvier