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- Lutte ouvrière n°2314
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Dans les entreprises
PSA -- Aulnay-sous-Bois : Une grève qui fait reculer le patron
Fin novembre, la direction de PSA se lançait dans une nouvelle provocation, envoyant des lettres à trois ouvriers pour entretien préalable à sanction, en leur reprochant de travailler trop lentement. Tout cela alors que cette même direction s'apprête à fermer l'usine et à licencier quelque huit mille travailleurs !
Pour renforcer sa menace et montrer clairement qu'elle cherche à faire baisser la tête aux ouvriers qui la combattent, la direction du secteur du Ferrage envoyait des cadres surveiller les ouvriers sur les postes de travail. Tout cela n'est pas passé. Le soir du 27 novembre une grève démarra au Ferrage, en solidarité avec les ouvriers susceptibles d'être sanctionnés.
La grève s'étend dans l'usine
Le lendemain, mercredi 28 novembre, la grève s'est poursuivie au Ferrage, dans l'équipe inverse, où deux autres travailleurs étaient aussi convoqués pour sanction. Réunis en assemblée générale, une cinquantaine d'ouvriers décidèrent alors de se mettre en grève jusqu'à l'arrivée de l'équipe suivante. De nouveau la production était totalement arrêtée. L'après-midi, la grève reprit comme un seul homme et s'est même étendue au Montage, où des ouvriers se sont joints au mouvement. Les grévistes passèrent dans différents secteurs, dont la Peinture. Les cadres tentèrent bien de bloquer les portes, sans arriver à empêcher les grévistes de manifester ensemble dans la Peinture. Finalement c'est à 150 que ceux-ci se regroupèrent et élirent en assemblée générale une délégation pour aller discuter avec la direction du Ferrage. Ils revendiquaient l'annulation des cinq convocations pour sanction, l'arrêt du flicage aux postes de travail, le paiement des heures de grève. La direction fit semblant d'accepter une réunion de négociation, mais comme à son habitude elle resta campée sur ses positions.
La direction obligée de céder
La production de l'usine était alors totalement paralysée. Visiblement, les pouvoirs publics, conscients du caractère très provocateur de l'attitude de la direction, craignaient que la situation ne dégénère. C'est le préfet qui intervint pour obtenir une réunion de négociation, avec la direction de l'usine cette fois, le lendemain jeudi à 10 h 30.
Ce jour-là au matin, une assemblée au Montage réunit soixante travailleurs qui prirent la décision de se mettre en grève, de faire le tour du Montage, afin que la direction comprenne bien que ses attaques ne passaient pas. Ils se retrouvèrent de nouveau à deux cents au Ferrage où, en assemblée, ils élirent une nouvelle délégation.
À la réunion de négociation, la direction céda sur quatre sanctions sur cinq, reconnaissant « y être allé trop fort sur le flicage » et payant une toute petite partie des heures de grève. Ce résultat fut jugé insuffisant et la grève se poursuivit dans les deux équipes pour obtenir la levée de la cinquième convocation et la garantie écrite que la direction n'entamerait aucune poursuite pénale, ni aucune sanction disciplinaire contre les grévistes.
Face à cette détermination, une nouvelle négociation eut lieu dans l'après-midi et la direction céda cette fois sur la levée de la cinquième sanction, la garantie sur les poursuites pénales, et même le paiement d'un tiers des heures de grève.
Après discussion entre les grévistes, la reprise du travail fut décidée pour 19 heures. Le sentiment général était la joie d´avoir fait reculer la direction, la fierté d´avoir réussi à se retrouver ensemble, Ferrage, Peinture et Montage, sur les deux équipes, et d´avoir montré ce que peut être la force collective des travailleurs. Cette grève victorieuse constitue un encouragement pour continuer la lutte contre PSA et son plan de licenciements.