Vincent Peillon, le ministre de l'Éducation, a annoncé un plan contre le « décrochage scolaire » pour donner en 2013 une formation à 20 000 jeunes, sur les 140 000 qui sortent du système scolaire sans diplôme et sans qualification, des jeunes majoritairement issus des milieux populaires et qui sont les plus touchés par le chômage.

Quel est donc ce plan gouvernemental ? Il est question de créer une « brigade d'intervention » pour repérer les élèves décrocheurs, un « référent » dans les établissements scolaires pour les identifier lorsqu'ils commencent à décrocher, et d'organiser des entretiens individuels une fois le jeune en difficulté repéré. Voilà ces nouveautés qui n'en sont pas, car tout cela existe déjà, certes sous d'autres noms parfois.

En réalité, les élèves « décrocheurs » c'est-à-dire ceux qui éprouvent des difficultés à apprendre et se désintéressent de l'école progressivement, sont repérés, et très tôt, par les enseignants eux-mêmes. Mais permettre à tous ces jeunes de surmonter leurs difficultés en créant des postes d'enseignants en nombre suffisant et ainsi le nombre nécessaire de classes à effectifs réduits, il n'en est jamais question. De plus les jeunes, en particulier ceux qui choisissent la voie professionnelle, peuvent rarement choisir la formation qu'ils souhaitent, faute de places ou du fait de la disparition de la filière choisie. L'éducation de tous les jeunes et en particulier des jeunes des milieux populaires a un prix et Peillon, pas plus que ses prédécesseurs, ne veut le payer.

Mais ce n'est pas le seul problème. Le problème c'est le chômage. Car trouver sa place dans la société, c'est trouver un emploi. Quel jeune peut croire qu'il y aura réellement un emploi au bout d'une formation, quelle qu'elle soit, alors que chaque jour sont annoncés des milliers de suppressions d'emplois ? Le chômage touche des jeunes sans diplôme, comme des jeunes qui en sont bardés. Si le taux de chômage des 15 à 29 ans non diplômés est de 46 %, il est tout de même de 22 % pour tous les autres.

Vincent Peillon s'est félicité de ce que son plan contre le décrochage comporte la proposition de faire signer un contrat objectif emploi. Personne n'y croit... pas même lui.