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Budget européen : Chacun défend « ses » capitalistes
Les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne réunis à Bruxelles fin novembre n'ont pas réussi à s'entendre sur l'enveloppe budgétaire pour la période 2014-2020.
Paré du titre de président du Conseil européen, Herman Van Rompuy a joué le rôle d'un simple entremetteur pour organiser une série de tête-à-tête entre les chefs d'État afin d'établir une prévision du budget européen des prochaines années. En vain. Parler de « budget européen » est d'ailleurs exagéré car l'Union européenne ne prélève pas directement d'impôts : elle se contente de recevoir une modeste partie de ce que chaque État encaisse. Pour la France, 7 % des recettes fiscales nationales sont reversées à l'Union européenne. Au total, les dépenses publiques engagées séparément par les 27 États membres sont presque cinquante fois supérieures au budget de l'Union européenne. Rien à voir, donc, avec la situation des États-Unis d'Amérique où en proportion du Produit national brut additionné des cinquante États, le budget fédéral est dix fois supérieur à celui de l'Union européenne.
Chaque État européen garde la haute main sur son budget national et, en ce qui concerne la part qu'il consent à mettre dans une cagnotte commune, les conflits n'ont jamais cessé. En 1984, le Royaume-Uni avait obtenu un rabais sur ce qu'il verse à l'Europe, arguant du fait qu'il payait une contribution relativement élevée alors qu'il n'était que peu concerné par la politique agricole commune (PAC) représentant à l'époque 70 % du budget européen. Mais depuis 2000, quatre États membres (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suède) qui s'estimaient lésés à leur tour ont obtenu de ne payer qu'un quart de leur part destinée à compenser la ristourne britannique.
À son tour, ce compromis entre les 27 composants de l'Union européenne est en train d'être remis en cause. Il est question de restreindre les dépenses car c'est à tous les niveaux, depuis les collectivités locales jusqu'aux instances centrales de l'Union européenne, que les capitalistes veulent faire payer leur crise à la population par une remise en cause des services publics. Mais les dirigeants français, anglais et allemands qui sont en concurrence pour peser sur les décisions de l'Union européenne ne sont pas d'accord sur la façon de procéder aux coupes dans le budget.
Hollande prétend défendre les intérêts des « Français », face aux « Allemands » et aux « Anglais », qu'il accuse de remettre en cause la PAC, la politique agricole commune. En fait, il ne fait que défendre « ses » paysans les plus fortunés en concurrence pour le partage de la manne européenne. Il défend les gros exploitants et les sociétés de l'agroalimentaire, comme par exemple le volailler Doux (les poulets « Père Dodu »). Ce patron licencieur reçoit chaque année plus de 50 millions d'euros au titre de la PAC, il en est le premier bénéficiaire en France. La reine d'Angleterre et le duc de Westminster, le plus gros propriétaire foncier britannique, émargent copieusement eux aussi à ces subsides européens.