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- Lutte ouvrière n°2314
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Dans les entreprises
AXA France : Actionnaires choyés, salariés maltraités
AXA, deuxième groupe d'assurances européen, devrait recevoir sa part des 20 milliards de crédit d'impôt promis dans le plan gouvernemental. Cela représenterait 20 millions d'euros au titre du « pacte de compétitivité ». AXA est-il une entreprise du CAC 40 dans le besoin ? Que non : les bénéfices, rien que pour le premier semestre 2012, sont de 2,58 milliards d'euros.
Le discours d'AXA est le même que celui de nombre de grandes entreprises : la compétitivité et les coûts. Et dans le même temps les gros actionnaires continuent à être grassement rémunérés. Les salariés ne cessent d'entendre qu'ils « coûtent ». Comme le PDG Henri de Castries le dit dans la presse, « il n'y a pas de capitalisme sans capitalistes »... et sans travailleurs non plus, car ce sont eux qui font tout tourner et c'est grâce à eux, et aux clients bien sûr, qu'AXA réalise ses profits. Et les salariés d'AXA n'ont pas plus de raisons de payer la crise du capitalisme que les autres travailleurs.
À l'heure des réductions d'effectifs
Côté emploi, AXA France comptait près de 22 000 salariés en 1998 et en 2012 ce chiffre est tombé aux environs de 15 000. Et pour les trois années à venir on parle d'un remplacement pour trois départs, et encore.
La direction d'AXA et son PDG se vantent, dans la presse, de recruter environ 2 000 salariés par an, après avoir réduit massivement les emplois commerciaux dans les années 2000. Mais qu'en est-il ? Il s'agit pour l'essentiel de salariés commerciaux qui doivent placer des contrats. Leur salaire fixe est équivalent au smic, auquel s'ajoutent des commissions. Très rapidement, à cause des conditions de travail et des difficultés à atteindre les objectifs de production qui leur sont fixés, près de la moitié quittent AXA.
Du côté des salariés administratifs, depuis des années la direction supprime des postes de travail et donc des emplois, en ne remplaçant pas les départs en retraite. Les conditions de travail se sont dégradées, à cause du manque d'effectifs et des pressions croissantes pour augmenter la productivité. Elle accroît l'industrialisation des tâches : par exemple l'organisation du travail en plate-forme téléphonique. La direction met en place des « numéros verts », des formations à la prévention du stress et pour apprendre à le gérer, mais elle se refuse à remplacer tous les départs et cela génère précisément du stress.
Plusieurs centaines de jeunes en alternance sont recrutés. Mais bien peu, trop peu, sont embauchés en CDI à l'obtention de leur diplôme.
Mobilité permanente
À ceci s'ajoute la réduction des mètres carrés dans les services au fur et à mesure des réorganisations, des déménagements, des fermetures de site. En Île-de-France, les temps de transport sont rallongés et de nombreux salariés d'AXA doivent se tasser dans des RER surchargés. Mais aussi en province : ainsi les salariés de Montauban ont été mutés à Toulouse.
Pour économiser encore plus sur les salaires, la direction transfère des activités en dehors d'AXA, pour faire effectuer la même activité à des salariés qu'elle sous-paye, que ce soit en France, au Maroc ou en Inde.
Salaires à la traîne
Côté salaires, la direction, s'appuyant sur un accord signé pour trois ans par certains syndicats, verse une augmentation générale de 1 % en gros par an. Loin des 10 % à 15 % d'augmentation des dividendes qu'elle garantit pour 2012 aux actionnaires.
Quant au « partage des profits », c'est une prime de... 100 euros brut qu'elle a versée en 2011, et 200 euros en 2012, mais incluse dans l'intéressement cette fois-ci !
Alors tout ceci est loin du compte : les salaires doivent être augmentés sérieusement et suivre la hausse des prix !