Après la liquidation de leur usine prononcée le 11 octobre, les salariés de Thomson à Angers se réunissent toujours sur place pour des assemblées générales. Ils ont assigné en justice Technicolor, la maison-mère, pour que ce groupe soit reconnu comme coemployeur des 350 salariés licenciés et pour qu'il finance à ce titre des mesures d'accompagnement et des indemnités de licenciement complémentaires.

Le liquidateur a attaqué au même titre, en « comblement de passif », c'est-à-dire pour demander à Technicolor de payer une partie des dettes de sa filiale Thomson Angers.

Après une semaine de marchandage, Technicolor cédait une prime de 1 020 euros par salarié et par année d'ancienneté sur les 1 500 demandés par les salariés. Et il se déclarait prêt à financer la mutuelle pendant un an. En contrepartie, il exigeait bien entendu que les salariés et le liquidateur retirent leur plainte. L'audience au TGI de Nanterre, fixée au 26 octobre, était reportée au 16 novembre pour permettre aux discussions de continuer.

Le liquidateur maintenait son action en justice. Et les travailleurs sont restés dans l'angoisse jusqu'au dernier moment ; ses tractations avec Technicolor se sont terminées la nuit précédant l'audience au TGI... et c'est alors qu'il a demandé lui aussi un renvoi.

Sur quoi a porté leur accord ? Tout cela est resté très opaque, y compris le rôle du gouvernement et des élus PS de l'agglomération. Ces derniers ont fait une proposition pour l'achat du terrain et du matériel, en promettant d'y installer des entreprises. De ce côté-là aussi, rien ne transpire, secret commercial oblige !

Les sommes promises devraient arriver avant la fin de l'année. Mais ce ne sont pas des cadeaux. Les salariés ne les ont obtenues qu'en restant unis et en se battant pied à pied, montrant qu'on peut résister face à un grand groupe.

Technicolor se vante par ailleurs de bénéficier des aides publiques, grâce à l'extension du Crédit impôt recherche annoncée par le nouveau gouvernement. Technicolor a décidé de fermer Thomson et de supprimer 350 emplois, mais il n'en bénéficiera pas moins de ces largesses.