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Israël-Palestine : Après une semaine de guerre
Après une semaine d'intenses bombardements de l'enclave de Gaza, après que l'armée israélienne a fait plus de 140 morts et des milliers de blessés parmi la population palestinienne, une trêve est intervenue le 21 novembre, qui semble pour le moment respectée.
Sitôt la trêve proclamée, les deux camps ont crié victoire. Le gouvernement israélien a montré sa puissance destructrice et obtenu l'arrêt des tirs de roquettes sur le territoire israélien et le Premier ministre Netanyahou espère en recueillir les fruits lors des élections de janvier 2013. De son côté, le Hamas peut dire qu'il a obtenu l'ouverture de plusieurs points de passage et qu'il s'est suffisamment fait craindre, forçant par là-même l'armée israélienne à renoncer à envahir par voie terrestre le territoire qu'il contrôle. Mais le gouvernement israélien en avait-il seulement l'intention ? Toujours est-il que celui des États-Unis était là pour lui rappeler combien il pouvait être dangereux de se lancer dans ce genre d'aventure. L'enlisement de la coalition occidentale en Irak et en Afghanistan montre à l'évidence que même des troupes nombreuses et fortement équipées ne peuvent venir à bout de groupes armés qui s'opposent à l'oppression, dès lors qu'ils ont le soutien de la population.
Dans la situation actuelle, il est néanmoins apparu que le Hamas devenait un acteur incontournable, avec lequel Israël et les Occidentaux devaient traiter, non pas encore directement mais par pays interposés, en l'occurrence l'Égypte, dont les dirigeants appartiennent à la même mouvance que ceux qui gouvernent à Gaza.
Dans leur quête de respectabilité, qui ne date pas d'aujourd'hui, les dirigeants du Hamas avaient déjà modéré leurs propos et leurs actes à l'égard d'Israël. En mai dernier, ils constituaient une force de 300 hommes chargée d'empêcher les tirs de roquettes. Cette force s'en était même prise à plusieurs reprises aux groupes du Jihad islamique et aux Comités de résistance populaire, quand ceux-ci tiraient des roquettes sans que ce soit en réponse à des bombardements israéliens.
Les gages donnés par le Hamas, ajoutés aux changements de gouvernement survenus dans plusieurs États arabes dont l'Égypte, ont permis une reconnaissance de fait de ce gouvernement islamiste. Le Premier ministre du gouvernement de Gaza a été par exemple accueilli en janvier par les responsables tunisiens. En juillet, il était officiellement reçu par le président égyptien. Et en octobre ce fut la visite en grande pompe à Gaza de l'émir du Qatar, qui n'a pu se faire qu'avec l'aval des États-Unis.
Si victoire il y a, c'en est avant tout une pour l'impérialisme. L'intervention d'Israël lui a permis de montrer encore une fois qu'il dispose dans la région d'une force prête à intervenir pour défendre ses intérêts. Quant aux autres « victoires », elles peuvent momentanément satisfaire quelques gouvernants mais pas les peuples. La population palestinienne, sous l'emprise d'une direction réactionnaire et moyenâgeuse, reste prisonnière sur son minuscule territoire et menacée en permanence par les armées israéliennes. Quant à la population israélienne, elle se voit toujours maintenue dans son rôle de geôlier, quand ce n'est pas, par militaires interposés, dans celui de bourreau.