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- Lutte ouvrière n°2309
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Leur société
À propos du retour partiel à la retraite à 60 ans : Une mesquinerie de plus
Pendant sa campagne électorale, François Hollande s'était bien gardé de promettre qu'il reviendrait sur la réforme des retraites imposée par le gouvernement Sarkozy en 2010, qui prévoit entre autres le relèvement progressif de l'âge de départ à la retraite à 62 ans. Il s'était juste engagé à rétablir le droit de partir à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler tôt et ayant acquis le nombre de trimestres suffisant.
Mais, en préparant leur dossier, de nombreux travailleurs qui pensaient partir en retraite un peu plus tôt ont dû déchanter... Car le décret publié le 3 juillet et prévoyant l'application de cette mesure à partir du 1er novembre comporte une nuance qui leur interdit ce départ anticipé.
Pour avoir le droit de partir en retraite à 60 ans, il faut avoir commencé à travailler à 18 ou 19 ans et avoir tous ses trimestres (41 ou 41,5 ans selon son année de naissance). Mais il s'agit de trimestres « validés », c'est-à-dire travaillés, et non simplement « cotisés ». Une nuance de taille puisqu'elle écarte du décompte les périodes de chômage et de maladie. Les salariés ayant subi une période de chômage ne pourront compter en tout et pour tout que deux trimestres de cotisés, pour l'ensemble de ces périodes non travaillées. Les autres périodes n'étant pas validées pour avoir droit à la retraite. Ce « bonus » de deux mois vaut aussi pour les mères de famille au titre de la maternité.
En conséquence il n'est prévu que 18 000 départs anticipés cette année et 70 000 en 2013. Et cette mesure s'avère beaucoup moins coûteuse que ce que François Hollande avait annoncé pendant sa campagne. À tel point que la hausse de 0,25 % des cotisations salariales et patronales, prévue pour financer cette mesure, devrait rapporter le double de la somme nécessaire en 2012 et 2013 !
Cette nouvelle mesquinerie restera en travers de la gorge de tous ceux, parmi les salariés au chômage après 57,5 ans (165 000 actuellement), qui ne peuvent ni partir à la retraite, parce qu'il leur manque quelques trimestres, ni les valider, parce que personne ne veut les embaucher !