Depuis cet été, deux filiales de La Poste sont autorisées à distribuer le courrier. Il s'agit de Médiapost, créé à l'origine pour distribuer les prospectus, et de Néopresse, qui avait vocation de distribuer la presse.

C'est l'un des effets de la libéralisation totale de la distribution du courrier et, outre ces deux filiales postales, 29 entreprises privées ont déjà demandé à l'Autorité de régulation du secteur, l'ACERP, de pouvoir y accéder.

Pendant des années, La Poste a brandi la menace de la fin du monopole pour faire accepter les réductions d'effectifs et la dégradation des conditions de travail, à longueur des réunions qu'elle organisait dans les bureaux. Alors, aujourd'hui, il est particulièrement savoureux de la voir organiser la concurrence... avec elle-même.

Pour La Poste, la distribution des lettres par ses filiales serait tout bénéfice. Les conditions de travail et le statut des employés y sont en effet bien plus défavorables. Chez Médiapost, la moitié des salariés travaillent à temps partiel. Les contrats de dix heures par semaine sont nombreux. Les dépassements d'horaires sont la règle, et la distribution des prospectus se fait bien souvent avec son véhicule personnel. Beaucoup d'étudiants et de retraités y travaillent. Et, quand une plate-forme ferme, les salariés de Médiapost n'ont même pas les quelques garanties dont bénéficient ceux de La Poste. Rien d'étonnant à ce que ce genre de filiale contribue pour une large part aux bénéfices du groupe La Poste.

Ces conditions de travail sont un scandale permanent, qui ne peut laisser indifférent aucun travailleur de La Poste et de ses filiales. En prenant des dispositions pour que les salariés des filiales puissent effectuer à moindre coût le travail jusque-là réservé aux facteurs, la direction de La Poste cherche évidement à tirer vers le bas les salaires et les conditions de travail de tous, et à opposer les travailleurs entre eux. Il est d'autant plus nécessaire de se battre ensemble pour imposer partout la garantie de l'emploi, des salaires et des conditions de travail correctes, et l'embauche de personnel partout où cela est nécessaire.