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- Lutte ouvrière n°2308
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Leur société
Hollande et le 17 octobre 1961 : Trop peu, trop tard
« Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Tel est le communiqué publié par François Hollande, à l'occasion du 51e anniversaire du massacre d'Algériens par la police française.
Ainsi, pour la première fois, un gouvernement français a « reconnu les faits ». Mais quelle prudence ! Hollande n'a formulé ni le mot ni l'idée de regret. L'ouverture des archives, pourtant réclamée par tous ceux qui réfutent la thèse officielle et aberrante de deux morts seulement cette nuit-là, n'est même pas évoquée. Il n'y a pas un mot de la police et des actes abominables qu'elle a commis cette nuit-là, pas un mot sur le rôle du préfet de police, Maurice Papon, plus tard jugé et condamné pour complicité de crime contre l'humanité dans l'envoi de Juifs à la mort pendant l'Occupation, mais jamais pour ses actes d'octobre 1961. Pas un mot sur la responsabilité de de Gaulle, au pouvoir à ce moment-là.
Il est vrai que l'attitude de Hollande n'est au fond que le reflet, à retardement, de ce qu'a été la politique du Parti socialiste à l'époque. Le Parti socialiste a mené, pendant les années 1956-1958 où il était au pouvoir, une politique colonialiste, guerrière, s'opposant violemment à l'indépendance de l'Algérie et couvrant lui aussi son lot de massacres et de tortures. Et, depuis, les socialistes au pouvoir, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, ont adopté la même attitude : jeter un voile sur ce passé.
Les gouvernements français doivent rendre des comptes pour les morts du 17 octobre 1961, mais aussi pour toute l'horreur de la guerre d'Algérie et pour les centaines de milliers d'Algériens qu'ils ont fait tuer, simplement parce qu'ils se battaient pour leur indépendance.