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- Lutte ouvrière n°2308
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Leur société
Grands travaux : Restrictions budgétaires, et aussi gaspillage au profit des sociétés du BTP
Dans son projet de budget pour 2013, le gouvernement donne un coup de frein à des grands travaux qui concernent notamment des lignes LGV (lignes ferrovières à grande vitesse), le canal Seine-Nord et le projet de métro automatique du « Grand Paris », qui sera peut-être retardé. Le gouvernement justifie ces restrictions de crédits par son souci de ne pas laisser une dette trop importante aux générations futures.
À ce propos, le gouvernement se garde de remettre en cause le gaspillage engagé par son prédécesseur au profit des sociétés de travaux publics. Ainsi, la ligne à grande vitesse Lyon Turin, dont le coût a été chiffré à 11 à 13 milliards d'euros ne sera sans doute pas affectée par les restrictions budgétaires. Or, les habitants du Val de Suse, côté italien, se mobilisent depuis des années contre un projet qui enrichira des mafias alors que l'argent manque pour entretenir les transports locaux.
Le projet du Grand Paris serait utile à des millions d'habitants d'Ile-de-France mais risque d'être retardé car les sociétés de travaux publics feront traîner les choses si elles ne reçoivent pas rapidement le versement d'un milliard d'euros qu'elles escomptent. Elles se sont d'ailleurs jointes aux maires des communes concernées pour exprimer leur inquiétude sur un retard éventuel ! Mais pour l'avenir, c'est par dizaines de milliards d'euros que l'argent public devrait tomber dans leur escarcelle.
L'accord signé entre le gouvernement Sarkozy et Jean-Paul Huchon, président socialiste du Conseil général d'Ile-de-France était déjà généreux puisque, sur son site Internet, la société du Grand Paris indique qu' « aux conditions économiques de 2008 » le projet, dans son acception la plus large, coûtera 19,8 milliards. Aujourd'hui, ce montant a été réévalué de plus de 15 milliards d'euros par les bénéficiaires. Selon Le Parisien du 5 octobre, le député PS Alexis Bachelay, rapporteur de la commission de contrôle parlementaire sur l'application de la loi sur le Grand Paris, déclare : « Il y a peu, j'ai rencontré la Fédération française du bâtiment qui m'a assuré que, en l'état, le Grand Paris Express coûtait dans les 35 milliards d'euros. On essaie de ramener le coût réel à 22 milliards d'euros ».
Ce gonflement des factures n'est pas un cas à part. Le projet de canal Seine-Nord fait lui aussi l'objet de surcoûts considérables, à tel point qu'il sera peut-être remis en cause alors que de l'argent public a déjà été versé. Quant aux projets de lignes ferroviaires, certains d'entre eux font l'objet d'un « partenariat public privé », une procédure particulièrement opaque et favorable à une récupération forte de l'agent public par le privé.
Ces grands travaux pour utiles, voire nécessaires à la population qu'ils soient, sont d'abord des pactoles pour les grandes entreprises, qui gonflent avec des devis à géométrie variable toujours orientés à la hausse.
Les réseaux de transport devraient être construits sans profit, ce qui exigerait que l'État embauche directement les dizaines de milliers de travailleurs nécessaires à leur réalisation. Cela économiserait d'emblée les milliards de profits que l'État distribue à des entreprises privées.