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- Lutte ouvrière n°2306
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Dans le monde
Régulation de la spéculation : Ça progresse à reculons
Depuis le krach de 2008, les chefs d'État n'en finissent plus de nous promettre la moralisation et la régulation du capitalisme face aux catastrophes que provoque la spéculation. Une des autorités de régulation américaine, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), avait prévu, dans le cadre d'une loi concernant les échanges de matières premières, d'imposer des limites de position (c'est-à-dire un maximum de titres achetés ou vendus par un même spéculateur) sur vingt-huit produits comme le maïs, le coton, le fuel, le cacao ou le platine. Bref, il s'agissait de réduire l'ampleur des sommes échangées en même temps, non pour mettre un terme à la volatilité des cours mais pour éviter qu'un seul spéculateur puisse à lui seul déséquilibrer le marché.
C'en est déjà trop pour les gros négociants de matières premières qui dominent le marché (ils ne sont que quatre-vingt-un sur la planète pour l'ensemble des produits agricoles, et seulement douze pour les métaux !). Ils font leur profit de chaque mouvement de yoyo des cours -- qu'ils provoquent la plupart du temps -- mais il n'est pas question qu'ils tolèrent ces règles qui limitent leur appétit. Les plus puissants d'entre eux, notamment les banques Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Barclays, ont fait pression sur un juge fédéral américain, qui n'a pas mis longtemps à accepter de faire voler en éclats cette entrave à leur sacro-sainte liberté de spéculer sans entrave.
On mesure là la solidité du rempart qu'on nous propose contre la spéculation.