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- Lutte ouvrière n°2306
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Leur société
Extrait du meeting - Jean-Marie Nomertin : Aux Antilles, un chômage encore aggravé
Bien des maux qui, avec l'aggravation de la crise, frappent les classes exploitées d'Europe, nous les connaissons en permanence aux Antilles. Nous avons toujours connu un chômage à 35 %. Nous avons toujours connu un taux de chômage des jeunes particulièrement élevé et ces milliers de petits « djobeurs » qui vivotent de petit boulot en petit boulot. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans, selon le ministère de l'Outre-mer lui-même, est de 60 % en Martinique, 53 % à la Guadeloupe, contre 22,9 % dans l'Hexagone, ce qui est déjà beaucoup.
Mais, à la crise de structure d'un système issu du colonialisme et de l'économie de plantation, vient s'ajouter aujourd'hui la crise financière et économique européenne et mondiale. La double peine en quelque sorte !
Alors, bien sûr, vous n'entendrez pas comme en France parler aux Antilles de centaines ou de milliers de licenciements ou de suppressions d'emplois comme ça, d'un coup. Et pour la bonne raison qu'il n'y a pas d'entreprise concentrant des milliers de travailleurs. Ils sont dispersés dans une série de très petites entreprises. Si bien que les licenciements ne sont pas spectaculaires.
Mais, vous savez, lorsque surviennent 5, 8, 10 licenciements ou suppressions de postes, cela prend pour nous une dimension considérable.
Au moment où je parle, dans un restaurant de Pointe-à-Pitre, les travailleurs ne sont pas payés depuis six mois. Les travailleurs du groupe Sodexo, qui font de la restauration dans les collèges et les lycées, n'ont pas été payés en juillet et en août. Le groupe Kadji, propriétaire de cliniques, s'apprête à en vendre certaines à un autre groupe réputé voyou. Les quelques grands groupes qui ont un pied dans les Antilles, comme Air France ou Air Caraïbes, s'apprêtent aussi à licencier. [...]
Dans la banane, beaucoup de plantations ont fermé, mettant plusieurs centaines de travailleurs sur le carreau en quelques années. [...]
À défaut de créer des emplois et de juguler la hausse des prix, qui en 2009 avait provoqué la révolte massive de la population, on nous a généreusement gratifiés de deux ministres guadeloupéens et d'une ministre guyanaise. Qui plus est, Christiane Taubira a obtenu un ministère important, celui de la Justice. Voilà donc le seul lot de consolation pour les peuples d'outre-mer !