À la suite de l'enquête ouverte pour « corruption sportive, escroquerie et recel » au sujet du match de handball Montpellier-Cesson Sévigné, dix-sept personnes, dont neuf joueurs, ont été interpellées et placées en garde à vue, à l'issue de laquelle un juge d'instruction en a mis treize en examen.

Le 12 mai 2012 la Française des jeux avait été alertée par le montant des paris sur le match Montpellier-Cesson Sévigné (87 000 euros pour une moyenne habituelle de 3 à 5 000 euros) et leur nombre élevé. Au total, une dizaine de parieurs auraient empoché environ 200 000 euros. Mais l'affaire se corse, car parmi les parieurs se trouvent des joueurs -- qui n'ont pas le droit de parier --, leurs proches et des membres de l'encadrement de Montpellier. D'ores et déjà les joueurs reconnaissent avoir parié et demandé à leurs compagnes de parier mais ils nient tout trucage du match.

Cette affaire met en lumière l'existence du marché très lucratif des jeux en ligne. Depuis juin 2010, sous prétexte d'ouverture à la concurrence, ce marché qui était alors sous le contrôle de l'État via la Française des jeux, le PMU et les taxes sur les casinos, a vu l'arrivée de nouveaux opérateurs bien décidés à se partager une part du substantiel gâteau (cinq milliards de recettes fiscales pour l'État chaque année). On peut maintenant parier sur presque tout dans presque tous les domaines, sous la houlette d'opérateurs comme le groupe Amaury, propriétaire de l'Équipe et organisateur du Tour de France, ou encore les groupes Bouygues ou Bolloré, etc.

Bien sûr, on n'a pas attendu 2010 pour savoir que, qui dit paris, dit possibilité de trucage et, même s'il existe une Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), ses moyens sont bien limités. L'enquête, qui a déjà abouti à la mise en examen de treize personnes dont les frères Karabatic, dira si le match de hand-ball a été truqué et qui en a profité.

Il reste que, trucage ou pas, ces paris en ligne brassent des sommes considérables, et ceux qui sont sûrs de gagner à tous les coups ne sont pas les parieurs mais bien les organisateurs, à commencer par la Française des jeux, c'est-à-dire l'État, même s'il doit dorénavant partager les gains avec d'autres margoulins.