Alors qu'Air France prévoit de supprimer plus de 5 000 emplois, le syndicat SUD Aérien avait demandé, fin septembre, à ce que le ministre du Redressement productif le reçoive. Montebourg étant sans doute trop occupé, un membre de son cabinet a rencontré la délégation syndicale.

D'emblée, il s'est présenté comme l'ancien PDG de la société L'Avion. Peu connue, mais assez prospère pour que British Airways décide de l'acheter, cette société proposait des vols transatlantiques à une clientèle haut de gamme. Ainsi, ses clients n'avaient plus à côtoyer de passagers des classes Économie et même Affaires, comme sur un vol classique, car L'Avion leur offrait -- au tarif fort -- de voyager dans un appareil ne comportant que des fauteuils de Première !

L'ex-PDG et co-fondateur d'une pareille entreprise a donc toutes les qualités pour discuter d'un plan massif de suppressions d'emplois... du point de vue patronal. D'autant que, selon la revue L'Usine nouvelle, il a été « aussi membre du directoire de la compagnie financière Saint-Honoré » et a « effectué une carrière orientée vers l'investissement dans des entreprises cotées ou non cotées, en France, aux USA et en Asie ».

Et il ne s'agit pas d'une exception. La revue citée en témoigne, qui détaille la carrière des « sept experts » et « neuf autres conseillers » du cabinet de Montebourg.

Outre cet ex-PDG, on y trouve notamment :

- un ex-haut cadre marketing de Saint-Gobain,

- un ex-conseiller du président d'EADS,

- une ex-secrétaire générale du Comité interministériel des restructurations industrielles, autrement dit des licenciements, sous la droite,

- un ex-consultant de la Banque de France,

- un ex-manager de PSA,

- une ex-directrice de la stratégie chez Saint-Gobain

- un ex-membre du conseil d'administration de la Société de valorisation foncière et immobilière, qui a aussi été chargé d'affaires à l'Agence des participations de l'État dans les entreprises privées,

- un ex-haut fonctionnaire du Budget (sous la droite),

- un ex-haut cadre de Thales et de la BNP Paribas...

Finance, haute administration, monde des affaires et de l'industrie, grands groupes... Le ministre du Redressement dit productif est décidément bien entouré de gens formés à servir la bourgeoisie, quand ils n'en font pas partie. La chose n'a, à vrai dire, rien de bien original, même si les politiciens de gauche n'en font habituellement pas la publicité auprès de leurs électeurs. Le temps d'un scrutin, ils leur font croire que le « changement, c'est maintenant », afin que, une fois passée l'élection, rien de fondamental ne change.

Car, que la droite ou que la gauche soit aux commandes, ceux qui se retrouvent au gouvernement et dans l'ombre des cabinets ministériels n'ont qu'un souci : servir au mieux les possédants et leurs intérêts.