Portugal : La riposte populaire continue03/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2305.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : La riposte populaire continue

Après le 15 septembre, où un million de personnes auraient manifesté dans tout le pays, deux semaines plus tard la manifestation syndicale du 29 septembre à Lisbonne a confirmé le rejet massif de l'austérité par les classes populaires portugaises.

Cette fois, il s'agissait d'une manifestation nationale à Lisbonne, avec des cars venant de tout le pays, organisée par la CGTP, la confédération syndicale la plus importante, proche du Parti communiste. Mais les « réseaux sociaux », qui avaient été à l'initiative du 15 septembre, y appelaient aussi. Et elle a été ressentie par tous comme la suite du 15 septembre. Elle n'aurait réuni « que » 125 000 personnes, contre 500 000 à Lisbonne le 15, mais c'est déjà considérable, dans un pays de dix millions d'habitants. Les travailleurs des districts de Lisbonne et de Setubal sont descendus en cortège jusqu'à la vaste place du Commerce, au bord du Tage, où ils ont retrouvé les dizaines de milliers de manifestants venus de province. Tous les secteurs professionnels étaient représentés, y compris des représentants de la police, de la gendarmerie (GNR), des gardiens de prison, de la police des étrangers et des frontières.

Le mot d'ordre le plus repris, « Le peuple uni ne sera jamais vaincu », montrait que le ton était donné par le Parti communiste portugais. Mais les participants étaient sensibles à l'aspect unitaire plus qu'à l'aspect nationaliste et à la volonté des dirigeants de ne pas s'en prendre trop directement au patronat portugais, ni même au gouvernement de droite. L'ennemi désigné par les organisateurs était la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), bref une politique dictée par des institutions internationales, au-delà des frontières. Place du Commerce, le secrétaire général de la CGTP a annoncé pour bientôt une « grande grève générale » contre l'austérité.

Les travailleurs répondent à toutes les opportunités pour exprimer leur refus de l'austérité que veulent leur imposer patrons et gouvernants : patrons de toute nationalité et gouvernants de tous partis, du PSD de droite aujourd'hui comme du PS auparavant. Ainsi, la journée du 15 septembre se limitait au départ à un rassemblement, appelé à la mi-août par une association de précaires et de chômeurs proche du Bloc de gauche. Après l'annonce par le gouvernement que les charges sociales sur les salaires passeraient de 11 à 18 % (cela représente une perte d'un mois de salaire), le rassemblement d'origine s'est transformé en manifestations dans tout le pays. Les dirigeants de la CGTP avaient refusé de soutenir et avaient tout fait pour organiser des actions de diversion mais, au dernier moment, ils se sont précipités pour se faire voir eux aussi dans cette manifestation.

Quant aux actions organisées pour tenter de faire diversion, elles aussi ont bien marché ! D'ailleurs des grèves sont encore en cours, qui font suite au mouvement du 29. Les conducteurs des chemins de fer font des grèves tournantes de deux heures par service et préparent une grève générale pour le 5 octobre, anniversaire de la République. À Viana do Castelo, un port au nord de Porto, les travailleurs des chantiers navals ont manifesté lundi 1er octobre contre la privatisation de l'entreprise. Un peu partout des protestations sont organisées contre les péages récemment imposés sur sept voies rapides : personne n'accepte même la baisse de 15 % de ces nouveaux péages annoncée par le gouvernement. Dans l'enseignement la grogne est permanente : les classes sont surchargées, 41 000 enseignants sont au chômage et près de 2 000, bien que nommés, sont à « horaire zéro ». Le Portugal a le taux de scolarisation le plus bas d'Europe, mais le Premier ministre invitait il y a quelques mois les enseignants sans travail à émigrer.

Une partie de la droite et du patronat s'était opposée à l'augmentation des charges sur les salaires. Soucieux du « consensus social et politique », ils craignaient que, la récession s'aggravant, la patience des couches populaires soit poussée à bout. Souhaitons que les travailleurs portugais confirment, et au-delà, les craintes de la bourgeoisie et prennent l'offensive.

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