Des Roms chassés à Marseille : L'exemple vient d'en haut03/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2305.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des Roms chassés à Marseille : L'exemple vient d'en haut

C'est dans la cité des Créneaux, dans les quartiers nord de Marseille, qu'un campement de Roms a été détruit le 27 septembre après que leurs occupants en ont été chassés par des habitants du quartier.

Le camp des Roms était installé sur l'assise de deux anciens bâtiments, détruits après des années de procédure et l'expulsion de la quasi-totalité des habitants, à qui la Logirem, le bailleur, n'avait proposé que des logements pires encore que ceux qu'ils quittaient. Dans ce qu'il reste de cette cité, le chauffage est défaillant, l'humidité favorise les moisissures. Certains appartements sont murés ou en passe de l'être, souvent ils n'ont plus de fenêtres et donnent directement sur le vide.

Une partie des locataires voyaient donc des gens s'installer là d'où eux-mêmes avaient été expulsés. Leur crainte était aussi de voir les Roms squatter ces logements vides et utiliser les caves comme lieu de stockage. Quant aux Roms, quarante adultes et quinze enfants dans huit caravanes, ils ont déjà été expulsés à maintes reprises, dix-sept fois selon une association qui leur vient en aide.

Les pouvoirs publics, l'État, la mairie, les conseils général et régional, qu'ils soient à droite ou à gauche, n'ont rien organisé pour accueillir ces familles, rien pour mettre à leur disposition des lieux disposant de l'eau, de l'électricité, de sanitaires, du ramassage des ordures. Pire, les Roms ne peuvent travailler sans être pénalisés, à cause de la législation contraignante qui les touche ainsi que leur éventuel employeur. Par contre, ils sont pourchassés d'un lieu à un autre.

Encore sous le règne de Sarkozy, l'État avec une armada de policiers avait délogé des Roms installés sur la pelouse de la porte d'Aix à Marseille. Depuis, des rondes de policiers tournent autour de cette place pour en interdire l'accès. La mairie, quant à elle, avait dans l'urgence instauré un arrêté anti-mendicité dirigé explicitement contre les Roms. D'autres avaient été chassés de la rue Félix-Zoccola. Il y aurait vingt-huit campements à Marseille actuellement, et la chasse aux Roms continue à être à l'ordre du jour. Une procédure en référé a été déposée pour des squats situés sous les bretelles d'autoroutes A55 et A7. Cela concerne environ trente personnes par site.

Les familles de Roms sont donc à la recherche de la moindre parcelle de terrain, de quelques mètres sous les arches des autoroutes ou sur un terre-plein, pour y mettre des petites tentes et des bâches, pas trop loin des villes, car leur principale ressource est la collecte de tout ce qu'ils peuvent trouver dans les ordures ménagères. Et d'ailleurs, grâce à leur collecte, les encombrants disparaissent très rapidement.

Pourtant il ne manque pas à Marseille de terrains aménageables, de cités où ces expulsés de partout pourraient vivre dans des conditions correctes, être soignés, les enfants scolarisés. C'est le choix inverse qu'ont fait les pouvoirs publics, méprisant tant les habitants des cités pauvres que les familles roms. Et quand ils déplorent ce qui vient de se passer aux Créneaux, leur cynisme est sans bornes : ce sont eux qui ont créé cette situation de toutes pièces, qui la laissent se dégrader et en sont entièrement responsables.

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