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Dans les entreprises
Brittany Ferries : Chantage à l'emploi
La compagnie Brittany Ferries arme huit navires en Manche, entre la Bretagne, la Normandie, l'Angleterre et l'Irlande. Elle emploie 2 500 personnes et était il y a peu qualifiée de réussite économique exemplaire.
Une réussite qui, si elle a sûrement profité à quelques cagnottes privées, doit tout à l'argent public. En effet, lorsque les producteurs de légumes du Finistère Nord eurent l'idée d'exporter artichauts et choux-fleurs vers les Îles britanniques, ils trouvèrent des pouvoirs publics tout disposés à les aider. Un port en eaux profondes fut creusé pour eux, desservi par une route adéquate, et l'État, le département et la région aidèrent à la naissance de la compagnie de navigation. Lorsque cette dernière décida de se lancer dans le transport de passagers et de camions, les conseils régionaux de Bretagne et de Normandie payèrent les ferries. Et tout allait bien dans le meilleur des mondes possible : investissements publics et profits privés.
Mais voilà qu'en juin dernier le directeur de Brittany Ferries a déclaré la société au bord de la faillite. Que croyez-vous qu'il se passa ? Loin de se tourner vers les propriétaires et les actionnaires, la compagnie s'en prit aux marins, « proposant » un plan d'économies comportant une baisse des salaires de 150 euros en moyenne, alors que les rémunérations sont déjà bloquées depuis 2009, et la suppression de quinze jours de congés.
Les marins ont répondu par plusieurs grèves, allant jusqu'à l'immobilisation complète de la flotte, sans rien obtenir mais sans pour autant accepter de subir. Le 21 septembre, le directeur de la compagnie a alors lock-outé. Les équipages ont été débarqués, les navires cloués au port et les passagers refoulés en attente d'une acceptation du plan par les marins.
Le couteau sous la gorge, il semble que ces derniers aient été contraints de céder et que le trafic ait repris mardi 2 octobre après-midi. Le ministre de la Mer, en saluant cet « accord », a montré que, s'il est d'un bord, ce n'est pas celui des travailleurs.