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Dans les entreprises
ArcelorMittal Florange : La fermeture des hauts fourneaux Une décision inacceptable
Lundi 1er octobre au matin, plusieurs centaines de sidérurgistes étaient réunis devant le portier des grands bureaux de Florange, pour attendre les annonces du Comité central d'entreprise qui se tenait à Saint-Denis, avec la confirmation de l'arrêt définitif des hauts fourneaux.
Après quatorze mois d'atermoiements et de vrai-faux suspense, la direction d'ArcelorMittal a annoncé la fermeture de la Phase chaude de Florange. Cela concerne les deux hauts fourneaux, l'aciérie et l'agglomération, atelier qui mélange le charbon transformé en coke et le minerai de fer. Par ailleurs, l'activité packaging (fabrication d'acier pour l'emballage), dont une des deux lignes est arrêtée depuis plusieurs mois, est également menacée, Mittal répétant depuis longtemps qu'il y a une usine de packaging de trop en Europe.
Mittal accorde au gouvernement un délai de deux mois pour que celui-ci cherche un hypothétique repreneur pour la Phase chaude. Passé ce délai, les hauts fourneaux seront définitivement fermés. Pas question par contre pour Mittal de céder les laminoirs, qui sont la partie la plus rentable des installations. Autant dire que saucissonner le site est une façon de condamner à terme Florange : aujourd'hui les hauts fourneaux et demain le reste.
Début du plan social le 16 octobre
À l'annonce de cette décision, les travailleurs ont exprimé leur dégoût, leur colère et leur écoeurement. Pour tous, il est évident que l'éventualité d'une reprise n'est là que pour essayer de donner le change. D'ailleurs, si Mittal accorde soixante jours au gouvernement, il n'en donne que quinze aux travailleurs : les consultations pour le plan social débutent le 16 octobre. C'est dire à quel point il ne croit ni ne souhaite une reprise.
Mittal pourrait parfaitement maintenir tous les sites en activité, en répartissant le travail entre chacun d'eux, mais il préfère fermer les installations où il gagne moins d'argent, pour faire tourner à plein régime les installations où il fait le plus de profits.
Selon le rapport commandé par le gouvernement, Florange est « fiable, viable et rentable » en tant que site intégré. Pas question pour autant pour Montebourg de s'appuyer sur ce rapport pour imposer quoi que ce soit à ArcelorMittal en vue de maintenir l'intégralité du site.
La direction voudrait faire croire qu'il n'y aura aucun licenciement sec. Mais combien d'intérimaires et de travailleurs d'entreprises sous-traitantes sont déjà ou vont se retrouver à la rue ? Le chiffre officiel de 629 suppressions d'emplois ne prend en compte que les travailleurs d'ArcelorMittal -- qui actuellement sont pour moitié au chômage partiel et pour moitié en prêt dans d'autres ateliers. Avec les sous-traitants, selon la CGT, ce sont près de 1 500 postes qui seraient supprimés.
Lundi 1er octobre, aussitôt la nouvelle annoncée, l'intersyndicale a décidé de bloquer toute l'usine pour la semaine. Les portes ont été soudées les unes après les autres. Aux changements de poste de l'après-midi, des prises de parole ont eu lieu devant plus de 500 sidérurgistes et, pendant tout l'après-midi, les discussions ont continué.
Mardi 2 octobre, après une opération escargot sur l'autoroute, près d'une centaine de travailleurs se retrouvaient au Comité d'entreprise qui se tenait à Metz et qui n'a fait que confirmer les annonces de la veille, tandis que d'autres maintenaient les blocages aux nombreuses portes de l'usine, qui s'étend sur des kilomètres.
La crise ? Pas pour les actionnaires
On nous dit que la sidérurgie traverse une crise. C'est vrai que la production d'acier a diminué en Europe... mais elle a augmenté dans le monde ! Et Mittal n'est pas l'épicier du coin de la rue, c'est le numéro un mondial de l'acier. Ce qu'il ne vend plus ici, il le vend ailleurs.
ArcelorMittal est loin d'être aux abois comme il le prétend. Le groupe a réalisé 1,7 milliard d'euros de bénéfices sur l'année 2011. Sur les cinq dernières années, il a fait au total 19 milliards de profits.
La seule mesure à prendre contre Mittal, plutôt que de jouer les commis en quête de repreneurs, comme s'apprête à le faire le gouvernement, serait de lui interdire de fermer les hauts fourneaux et de supprimer des emplois. Et l'État, qui finance le chômage partiel, aurait bien des moyens de peser sur les décisions de Mittal à condition de vouloir le contraindre. Mais, depuis qu'il est au pouvoir, de la commande d'un rapport en juin au cinéma du repreneur en octobre, le gouvernement oeuvre à donner du temps à Mittal.
Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour défendre leurs emplois. L'envolée du chômage est trop grave pour laisser les capitalistes continuer à ruiner des vallées entières afin d'augmenter une fortune dont ils ne savent plus que faire.