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- Lutte ouvrière n°2303
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Dans le monde
Espagne : Un mécontentement qui grandit - À bas la politique d'austérité !
Les deux immenses manifestations de ces dernières semaines en Espagne montrent l'ampleur du mécontentement qui grandit dans les classes populaires de ce pays. Mais ces démonstrations auxquelles s'ajoutent de multiples luttes plus isolées dans de nombreuses villes de toutes les régions, appellent une suite.
À Barcelone, le 11 septembre, jour de la Diada, Fête de la Catalogne, ce sont des centaines de milliers de personnes qui, à l'appel des partis de droite comme de gauche se réclamant du catalanisme, ont défilé dans les rues de Barcelone pour crier leur refus de la politique du gouvernement central espagnol. Refus des coupes claires dans les budgets publics, mais aussi exigence du transfert du recouvrement de l'impôt -- actuellement du ressort de l'État espagnol -- aux mains du gouvernement catalan. Faute d'accord avec Madrid, les dirigeants nationalistes catalans menacent de proclamer l'indépendance de la Catalogne et de demander son intégration dans l'Europe en tant qu'État.
Le président de la Généralité de Catalogne, Artur Mas, politicien de la droite catalaniste et ami de tous les capitalistes et banquiers de toutes régions et de tous pays, s'est érigé en porte-parole de la mobilisation en mettant ainsi l'accent sur des objectifs tout à fait étrangers à la défense des intérêts de la classe ouvrière de Catalogne.
Quelques jours plus tard, le samedi 15 septembre, ce sont des centaines de milliers de personnes, venues cette fois de toutes les régions d'Espagne, qui ont défilé à l'appel d'un collectif s'intitulant Sommet social qui regroupe autour des syndicats majoritaires, UGT et Commissions ouvrières, des syndicats nationaux comme la CGT et la CNT, des syndicats corporatistes, ou encore des syndicats régionaux ainsi que de nombreuses associations. Cette manifestation voulait protester contre les coupes budgétaires et les attaques de toutes sortes contre le monde du travail, donc contre la précarité, le chômage et les licenciements. L'objectif était d'exiger du gouvernement Rajoy qu'il renonce à un nouveau train de mesures de rigueur qui consisterait à économiser 102 milliards sur le dos des classes populaires, dont la situation se dégrade au fil des mois.
En cas d'une réponse négative de Rajoy les organisations syndicales, le PSOE (Parti socialiste) et Izquierda Unida (étroitement liée au Parti communiste) réclameraient du gouvernement de droite qu'il organise un référendum sur la politique d'austérité. Faute de quoi les centrales syndicales appelleraient à une journée de grève générale et à la mobilisation sociale.
Les propositions des responsables syndicaux et politiques de la gauche visent à accompagner le mécontentement, mais en fait aussi à le canaliser, sans donner au monde du travail, c'est-à-dire aux travailleurs en activité et aux chômeurs, des objectifs et des perspectives à la mesure de la situation. À l'évidence, avec les grandes manifestations de ces dernières semaines et les centaines d'autres qui ont lieu dans les villes et dans les quartiers, les classes populaires ont exprimé dans la rue leur refus de la politique actuelle. Cela vaut bien plus qu'un référendum qui déplacerait ou plutôt détournerait la protestation populaire vers les urnes.
La protestation populaire est une force quand elle s'exprime sur le terrain de classe, dans la rue, dans les entreprises, dans les grèves. Un référendum, qui, rappelons-le, dépend du choix du gouvernement en place, aboutirait à noyer cette force dans les urnes, ce qui n'a jamais réussi à faire reculer le pouvoir quel qu'il soit.
Il n'y a pas besoin d'un référendum pour aller plus avant dans l'organisation de luttes d'ensemble que la classe ouvrière et l'ensemble des classes populaires devront mener pour faire reculer le gouvernement, le patronat et la bourgeoisie de tout le pays et mettre un coup d'arrêt à une politique qui ruine toute la société.