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- Lutte ouvrière n°2300
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Leur société
Participation-intéressement : Les patrons veulent le beurre, l'argent du beurre... et faire payer leurs salariés
Depuis le 1er août, les patrons qui avaient mis sur pied des dispositifs de participation, intéressement ou autres, pour construire une partie de la paye due à leurs salariés, protestent à grands cris contre le nouveau barème de taxes auxquelles ils sont assujettis. En effet au lieu d'avoir à payer comme taxe libératoire 8 % de ces sommes, ils doivent maintenant payer 20 %.
Et du coup, plusieurs grandes sociétés annoncent qu'elles envisagent donc... d'en baisser le montant cette année, en diminuant d'autant ce qu'elles auraient dû verser à leurs salariés.
Il s'agit ni plus ni moins que de l'annonce d'un vol programmé au travers une baisse des salaires.
En 2009 (derniers chiffres publiés par la Dares, service statistique de l'État), 7 millions de salariés du secteur privé (la quasi-totalité des salariés des entreprises de plus de 500 personnes) ont touché sous cette forme une partie de leur rémunération, pour un montant total de 14,2 milliards d'euros. C'est une bonne combine pour échapper aux cotisations sociales normalement dues, et priver ainsi les salariés d'une partie de leurs droits, et la Sécurité sociale des rentrées qu'elle aurait dû percevoir.
En effet, la taxe de 8 %, passée aujourd'hui à 20, est bien peu de chose à côté des quelque 40 % que l'employeur aurait dû verser si ces sommes avaient été soumises, comme cela serait normal, à la règle commune qui s'impose pour les salaires. Ces sommes versées, non soumises à cotisations, ne comptent évidemment pas pour le calcul de la retraite, et c'est au bout de leur activité professionnelle que les salariés en paieront les conséquences pour le restant de leur vie.
Et ces conséquences ne seront pas minimes car, dans de nombreuses entreprises, le montant cumulé de la participation-intéressement et des produits annexes représente 10 %, 20 % ou encore plus de la rémunération annuelle.
Et certaines des plus riches entreprises du pays ont le culot d'annoncer à cette occasion une attaque en règle contre la paye des salariés.
La simple justice serait au contraire d'obliger les patrons à transformer toutes ces sommes en vrais salaires permanents et garantis et en plus d'augmenter régulièrement les salaires en fonction de la hausse des prix.