De Peugeot à Renault, une même politique de réductions d'effectifs15/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2298.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

De Peugeot à Renault, une même politique de réductions d'effectifs

Depuis l'annonce de la fermeture de l'usine d'Aulnay et des 8 000 licenciements à Peugeot, Renault pourrait presque passer pour une entreprise ayant fait les bons choix économiques et aux méthodes plus souples... envers les travailleurs. Mais c'est avoir la mémoire courte et oublier la fermeture brutale de l'usine de Vilvorde en 1997 et, surtout, ne pas voir la baisse continuelle des effectifs effectuée par Renault.

Ce qui s'est passé ces dernières années est à ce titre édifiant. Officiellement, de 2008 à fin 2011, les effectifs de Renault ont baissé de 40 000 à 36 000, soit 10 % en trois ans. Mais fin 2008, en quelques semaines, les dirigeants décidaient qu'il devait y avoir 3 000 « départs volontaires ». En réalité, la baisse des effectifs a été beaucoup plus importante, puisque Renault n'a pas hésité à licencier les milliers d'intérimaires ou de prestataires. Rien qu'au Technocentre de Guyancourt, où les nouveaux modèles sont conçus, mille prestataires ont été congédiés fin décembre 2008.

Actuellement Renault réduit les contrats d'intérim, très souvent renouvelés à la semaine. L'autre méthode consiste à mettre en place la mobilité interne dans tous les sites Renault. Six cents ouvriers de Douai ont été dispersés dans différentes usines. À Flins, il y a plusieurs centaines de travailleurs venant justement de Douai ou de Sandouville, à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux. Au mois d'octobre, 450 ouvriers de Douai seront de nouveau détachés dans d'autres usines, tandis que 500 ouvriers de Sandouville iront à Cléon en septembre. Et en 2014 il y aura encore des changements, puisque la production de la remplaçante de la Laguna doit être montée à Douai et abandonnée à Sandouville, ce qui inquiète particulièrement les travailleurs de ce site. Sans complexe, Renault use les ouvriers à la tâche dans une usine alors que, dans une autre, il organise le chômage partiel.

À Flins, en dix ans, l'effectif a été divisé par deux. Il est passé à moins de 3 000, les embauches sont bloquées et la direction y organise la suppression de 371 postes : un travailleur sur trois dans les catégories concernées. Quant à l'usine de batteries destinées au véhicule électrique, initialement prévue pour 2012 avec 500 emplois, il n'y en aura pas et Renault achètera ses batteries ailleurs. Tout cela n'empêche pas Renault de toucher, dès à présent, les aides de l'État pour ce véhicule électrique pas encore sorti.

En fait, la crise s'est révélée comme un prétexte à la diminution des effectifs, à une productivité accrue et à l'appel aux aides de l'État. Pendant que Peugeot veut fermer une usine pour maintenir ses profits, l'autre constructeur automobile, Renault, pratique lui aussi la baisse des effectifs.

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