Air France : Un plan inacceptable pour les travailleurs11/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2293.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : Un plan inacceptable pour les travailleurs

La direction d'Air France invoque les problèmes liés à la crise pour diminuer les effectifs de 5 122 postes, sur les 49 300 de la compagnie. Cette mesure fait partie du plan « Transform 2015 » qui prévoit par ailleurs de remettre en cause les acquis sociaux. Il s'agit, entre autres, de transformer la majoration d'ancienneté en prime, de réviser les grilles hiérarchiques et les accords RTT, d'imposer 10 jours de travail supplémentaires par an, et bien sûr, des mesures de blocage des salaire... Tout ceci ferait perdre aux alentours de 1 000 euros par an à un mécanicien.

Mais pour faire passer son plan de vol... des salariés, la direction cherche l'aval des syndicats représentatifs en brandissant la menace de licenciements secs si les syndicats ne signent pas. Un chantage qui a irrité bien des travailleurs, qui savent qu'Air France a accumulé des milliards sur leur dos pendant des années.

Certains syndicats (CGC, FO et CFDT) se sont empressés d'affirmer qu'ils donneraient leur accord... « pour éviter le pire ». Pour sa part, la CGT a pris position contre la signature mais en invoquant essentiellement le manque de projet industriel, sans mettre la priorité sur le refus des attaques contre les travailleurs. Quant à l'UNSA, elle demandait un référendum à la direction, que celle-ci a refusé.

La semaine dernière, mardi, à la DGI (Direction générale industrielle, les ateliers et les hangars de réparation) de Roissy, suite à des heures d'informations syndicales de la CGT, une centaine de travailleurs ont décidé d'aller voir les sections des syndicats qui étaient susceptibles de signer. Et face à eux, les délégués présents du SNMSAC (syndicat corporatiste appartenant à l'UNSA) de FO et de la CFDT ont botté en touche, invoquant le fait qu'au niveau syndical « ce sont les bureaux centraux qui ont le pouvoir de signer ».

Le lendemain, ce sont 200 travailleurs environ qui ont décidé de faire le tour des hangars et ateliers, mais la gendarmerie les en a empêchés car les hangars sont sous zone protégée (plan Vigipirate). Ils ont organisé un sitting devant l'entreprise, puis sont allés discuter avec les autres collègues à l'entrée de la cantine, et rendez-vous a été pris pour le lendemain pour aller à Roissy pôle, où sont les bureaux centraux des syndicats. Cette fois la police était présente en surnombre dès le départ de cette petite manifestation et les bureaux des syndicats étaient protégés par les CRS. Seuls des représentants de FO, obligés de passer devant les travailleurs, les ont donc rencontrés, et se sont contentés de leur adresser quelques gestes obscènes et quelques propos sur la démocratie, tout en restant prudemment derrière les CRS. L'UNSA, pour sa part, n'a finalement pas signé. L'opposition d'une bonne partie de ses adhérents a pesé dans la balance. La CFDT, elle, s'est réunie dans une salle de la mairie d'Orly, au plus loin des travailleurs, pour ne pas leur rendre des comptes,tandis que la CGC était aux abonnés absents.

Quant aux travailleurs d'Orly et Villeneuve de la DGI, ils se sont aussi réunis à plus de 200, pour dire non à la signature en faisant le tour des hangars et des ateliers, où l'accueil a été chaleureux.

Tous ces petits mouvements spontanés n'ont pas suffi pour empêcher les signatures. Mais les travailleurs qui les ont menés étaient contents d'avoir réagi. D'autant plus que bien des travailleurs qui ne sont pas sortis étaient solidaires.

La direction a eu la signature de suffisamment de syndicats, FO, CFDT et CGC, pour appliquer son plan. Mais ce qu'elle n'a pas obtenu c'est l'approbation des salariés. Malgré tous les moyens qu'elle a mis en place (réunions multiples dans les secteurs, courrier à la maison, publications internes...) le plan paraît inacceptable à beaucoup. Et de nombreux militants syndicaux, même quand leurs dirigeants ont donné leur accord, pensent que, signatures syndicales ou pas, les salariés d'Air France ne feront pas l'économie d'une véritable riposte face aux attaques de la direction, et qu'il faut la préparer.

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