PSA Peugeot Citroën -- Aulnay-sous-Bois : La mobilisation franchit une nouvelle étape04/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2292.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Peugeot Citroën -- Aulnay-sous-Bois : La mobilisation franchit une nouvelle étape

Jeudi 28 juin, la direction de PSA organisait un comité de groupe européen sur l'alliance avec la GM. La CGT du groupe avait appelé, à cette occasion, à un rassemblement de toutes les usines du groupe pour dénoncer les projets de fermeture ou de suppressions de postes. En effet non seulement les usines d'Aulnay, Madrid et SevelNord sont menacées, mais à Rennes les ouvriers se demandent ce qui va se passer après la C5 et la 508, et sentent bien que leurs emplois sont menacés.

Grève à l'usine d'Aulnay

En ce qui concerne l'usine d'Aulnay, la grève devait démarrer à la pause de 8 h 30. Mais dans certains ateliers du Ferrage les ouvriers n'ont pas attendu la pause. Dans d'autres secteurs, les ouvriers sont sortis tous au dernier moment comme un seul homme. Résultat, il ne restait pratiquement plus personne pour travailler au Ferrage et en Peinture. Dans les cabines de Peinture, les chefs ont bien tenté de dissuader les peintres de faire grève -- ce qui n'est pas forcément fréquent dans ce secteur --, en leur proposant de leur payer une journée supplémentaire. Devant leur refus de rester au travail, les chefs sont même allés jusqu'à proposer une prime de 100 euros. Mais rien n'y a fait, tout l'atelier s'est vidé. Fait nouveau, de nouvelles catégories de salariés comme les ouvriers professionnels et certains techniciens, n'ayant pas l'habitude de se mobiliser, s'y sont mis cette fois-ci.

Au Montage, une manifestation dans les allées a permis d´entraîner des ouvriers qui hésitaient encore, laissant les cadres essayer de faire tourner la chaîne.

Les discussions étaient déjà animées ces derniers jours. Beaucoup d'ouvriers étaient passés à la « cellule mobilité » mise en place par PSA pour se renseigner. La nouvelle que la direction proposait une prime d´à peine 2 500 euros pour faire accepter la mutation à l´usine de Poissy a fait le tour de l´atelier. Le déménagement d´une machine coûterait plus cher au patron !

La manifestation devant le siège de PSA

Nous nous sommes donc retrouvés à quelque mille cinq cents travailleurs, jeudi 28 juin, devant les vitres du siège social. 800 ouvriers d'Aulnay donnaient le ton, dans cette manifestation regroupant non seulement des délégations de toutes les usines PSA, jusqu'à celle de Madrid, mais aussi de Renault Cléon, Flins, Lardy et du Technocentre, des sous-traitants automobiles et des ouvriers venus de la GM Strasbourg, eux aussi menacés de fermeture d'usine.

L'ambiance n'était absolument pas à la démoralisation. Au contraire, tous les présents avaient envie d'envoyer un message fort au patron comme au gouvernement. Il n'est pas question de laisser les patrons nous jeter dehors. Nous n'acceptons pas non plus leur chantage, comme à SevelNord où ils veulent imposer aux ouvriers de geler les salaires, de perdre des jours de RTT et d'accepter des suppressions d'emplois, sous le prétexte mensonger de sauver l'usine.

PSA comme les autres groupes automobiles sont riches à milliards. La ridicule baisse des ventes en 2011 (-1 %) ne peut pas cacher qu'en vingt ans les ventes sont passées de deux millions de véhicules à 3,6 millions et que le chiffre d'affaires de PSA est passé de 41 milliards à 65 milliards d'euros. Les profits accumulés sont immenses (+ 10 milliards). Alors, tous les discours sur les difficultés de la filière automobile sont de la poudre aux yeux.

Si PSA veut fermer Aulnay et Madrid et s'attaquer aux emplois à Rennes, c'est pour augmenter la charge de travail dans les autres usines et ainsi faire plus de profit. À l'échelle du groupe, la direction veut réaliser 1 milliard d'économies supplémentaires. Ce qui veut dire que tous les travailleurs du groupe sont concernés par les attaques. Tous risquent de voir leurs conditions de travail se dégrader, de perdre leur emploi, de subir le chantage du patron. Alors, pour se défendre, pour sauver notre peau, il nous faut combattre collectivement ces attaques, dans les usines menacées comme dans les autres. Et nous le pouvons, car collectivement nous représentons une force. C'est nous qui créons les richesses !

Au cours du comité de groupe européen, la direction a annoncé un nouveau CCE extraordinaire pour juillet. Dans la manifestation, tout le monde comprit que cela signifiait qu'elle allait annoncer à cette occasion la fermeture d'Aulnay ce qu'elle s'était refusée à faire jusque-là, osant même affirmer que ce n'était pas d'actualité.

Vendredi, le ministre Montebourg a écrit une lettre à Varin, le PDG du groupe, lui demandant de « clarifier ses intentions ». Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, est le seul à faire semblant de ne pas comprendre que PSA a décidé de fermer l'usine d'Aulnay et de penser que le groupe est en difficultés financières. Il se prépare non seulement à laisser le patron nous jeter dehors, mais même à financer les actionnaires en mettant sur pied un nouveau plan d'aide à la filière automobile. Pendant ce temps, la direction cherche toujours à vider le plus possible l'usine de ses embauchés et se prépare à annoncer la fermeture.

Les suites à donner à notre mobilisation

Le lendemain vendredi 29 à l'usine d'Aulnay, les discussions continuaient. Tous les participants étaient remontés et contents d'avoir réussi cette mobilisation. La nouvelle tombait que, finalement, il y aurait deux CCE extraordinaires, les 12 et 25 juillet. On se prépare aux annonces de la direction, tout en sachant que lors du prochain CCE elle fera bien attention de ne pas employer le mot fermeture ou licenciements. PSA trouvera des formules pour parler de reconversion ou de réindustrialisation.

Nous avons l'avantage certain de ne pas être pris de court. Nous avons déjà fait un certain nombre de démonstrations de force et cette mobilisation du 28 juin a été une nouvelle étape réussie, dans la construction du rapport de forces. Il reste encore bien des étapes à franchir, comme celle d'éviter de tomber dans le piège des solutions individuelles. Il nous faut convaincre encore plus de travailleurs de réagir collectivement.

Réaction en Peinture

Ce mardi, en équipe du matin, l'équipe entière de 16 peintres de la cabine centrale ont décidé entre eux de se mettre en grève après la pause casse-croute. Très rapidement le Montage a été arrêté. Fait marquant : sur 16 travailleurs, 13 sont intérimaires. Ils se sont mis en grève contre la fermeture de l'usine et, pour les intérimaires, pour demander d'être embauchés en CDI avec maintien de l'emploi au moins jusqu'à 2016. L'usine compte près de 380 intérimaires et il est évident que, si l'usine ferme, ils perdront leur boulot comme tous les autres.

La conscience grandit qu'il nous faudra lutter ensemble pour sauver nos emplois. Et d'ailleurs le patron ne s'y trompe pas et craint d'avance les réactions de colère. À l'usine de PSA Saint-Ouen, qui alimente en pièces d'emboutissage toutes les usines de montage, des heures supplémentaires sont imposées pour réaliser des stocks de pièces au cas où les salariés d'Aulnay viendraient bloquer l'usine, ce qui paralyserait la production européenne de PSA. Le patron se prépare car il sait que ses projets ne vont pas passer comme une lettre à la poste.

Mais nous aussi nous nous sommes préparés à ces luttes. La conscience et l'organisation des ouvriers ont franchi de nombreuses étapes ces derniers mois. Y compris dans la compréhension que l'on ne peut compter que sur nos propres forces et qu'on ne peut guère compter sur le gouvernement.

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