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Dans le monde
Réforme de l'espace Schengen : Valls dans les pas de Guéant
Un accord est intervenu le 7 juin entre les représentants des États de l'espace Schengen pour permettre le rétablissement provisoire des frontières.
Cet espace Schengen désigne les 22 pays (sur 27 membres de l'Union européenne) entre lesquels la libre circulation des personnes, sans contrôle aux frontières entre États, sans visa, sans passeport, est en principe la règle. En revanche, les contrôles aux frontières extérieures de l'espace Schengen ont été renforcés. Normalement, une réforme de cet espace Schengen relèverait du Parlement européen. Mais les ministres de l'Intérieur des différents pays ont décidé qu'il était aujourd'hui nécessaire de redéfinir les règles de circulation entre pays et de les durcir en passant par-dessus les institutions européennes. Le projet avait été discuté avec le gouvernement Sarkozy. Manuel Valls, nouveau ministre socialiste de l'Intérieur, n'a pas voulu, selon son expression, faire preuve d' « angélisme » et donc s'est rallié sans réticence apparente au projet de son prédécesseur.
Du coup, en cas de « manquements graves et persistants aux frontières extérieures » et de « pression migratoire incontrôlable à une de leurs frontières extérieures », les États pourront rétablir des contrôles à leurs propres frontières nationales pour une durée de six mois, pouvant être renouvelée. À l'origine de cette mesure, la perméabilité de la frontière entre la Grèce, appartenant à l'espace Schengen, et la Turquie qui n'en fait pas partie. Les autorités grecques sont accusées d'être incapables d'enrayer l'immigration clandestine et le gouvernement turc de ne pas en avoir la volonté. Du coup, Valls, qui n'est décidément pas en reste vis-à-vis de son prédécesseur Guéant, déclare que « face à des situations de crise, à des situations exceptionnelles, les États membres de Schengen doivent pouvoir retrouver leur souveraineté » et donc qu'il pourrait, s'il le juge nécessaire, rétablir les contrôles aux frontières françaises.
L'un des premiers gestes du nouveau ministre de l'Intérieur aura donc été d'accepter une éventuelle limitation de la liberté de circulation des personnes à travers les 22 pays, venant s'ajouter à toutes celles existant déjà au nom de la sécurité et de l'ordre public. Contre la misère qui frappe à leurs portes, contre les populations qui fuient les guerres du Moyen-Orient ou d'Afrique, les pays européens cherchent à se barricader un peu plus. Et pour mettre en oeuvre cette politique, le nouveau gouvernement s'inscrit dans la continuité. « Le changement maintenant », c'était bon le temps d'une campagne.