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Dans le monde
Afghanistan : Les morts auxquels on rend hommage et les autres
En Afghanistan, quatre soldats français et deux accompagnateurs afghans ont été tués le 9 juin.
Dans une « déclaration solennelle », Hollande a affirmé que ces morts ne changeraient rien au programme des « troupes combattantes » françaises qui feront face à leurs « obligations » dans le cadre de l'OTAN jusqu'à ce qu'elles aient quitté le pays, à la fin de cette année, autrement dit un an avant l'échéance qu'avait fixée Sarkozy. Il ne faudrait pas voir là une rupture avec la politique de son prédécesseur car le retrait sera « coordonné », « en bonne intelligence avec nos alliés, notamment avec le président Obama ». Hollande conforte ainsi sa posture de chef d'État et de chef des armées dont l'intervention, prétend-il, doit « permettre aux Afghans de reconquérir le plus vite possible leur souveraineté dans le cadre d'une transition qui doit être ordonnée et rapide ».
La population afghane a, sans doute, une autre appréciation de la présence des troupes censées la protéger. Car les insurgés, dont elle subit pourtant les attentats suicide, ne peuvent qu'être renforcés par les méthodes de soudards utilisées par les grandes puissances, dont les États-Unis et la France, qui interviennent dans le cadre de l'OTAN. Trois jours avant la mort des soldats français, dans une autre région de l'Afghanistan, un bombardement de l'OTAN destiné à frapper des insurgés a fait dix-huit morts parmi la population civile, dont la moitié d'enfants.
De tels faits ne sont pas exceptionnels. Le 11 mars dernier, un soldat américain avait fait irruption dans des maisons et tué seize personnes de sang froid, pour la plupart, des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les autorités militaires avaient présenté les faits comme relevant de l'histoire personnelle d'un soldat ayant déjà servi en Irak et traumatisé. Cette fois, les morts civils sont présentés par l'OTAN comme victimes de dommages collatéraux de la lutte contre les « talibans ». Mais les excuses présentées à chaque fois par les autorités militaires ne changent pas grand-chose au ressentiment de la population.
En France, les victimes afghanes des forces de l'OTAN sont nettement moins médiatisées que la mort des soldats français. Car ce serait donner un coup de projecteur sur la réalité de l'intervention militaire des grandes « démocraties » qui n'en finissent pas, depuis 2001, de renforcer l'oppression du peuple afghan.